Quand on s’expatrie dans un autre pays, les questions fusent. Culture, société, vie pratique, vie de famille, etc. On a plein d’interrogations plus ou moins rationnelles. Alors vous le savez, j’aime bien taquiner nos copains italiens ! Mais promis, je peux aussi me moquer des français ! D’ailleurs avant de vivre ici, je faisais ça tout le temps ! (Il paraît que je tiens ça de ma grand-mère italienne, comme quoi tout est lié). C’est donc parti pour un petit tour d’horizon des inquiétudes les plus fréquemment exprimées par notre entourage (et les explications qui vont avec).
La sécurité sociale
Ah ça! Il y a du monde pour taper sur la France, pour se plaindre, pour hurler « mais où vont nos impôts ! » (attendez d’avoir votre nouveau-né hospitalisé dans un service de néonatologie pendant plusieurs semaines, ce que d’ailleurs je ne souhaite à personne, et vous allez comprendre où ils vont vos impôts.). Bref. C’est comme si les gens étaient malgré tout conscients, quelque part dans leur cerveau, que nous bénéficions d’un système de santé quand même plutôt bon voire très bon ! Et du coup l’idée que nous puissions perdre ça : catastrophe ! Alors oui, il y a une sécurité sociale en Italie (dont j’aimerais bien que l’on bénéficie un jour, mais comment vous dire… Envie de meurtre, perte de cheveux suite à un arrachage un peu trop fréquent, euh, pfff, euh, attendez je suis en pleine crise de nerfs là, mes doigts tapent, mon cerveau ne suit plus… #rage #onenreparletrèsbientôt ).
La sécu italienne dépend du SSN (servizio sanitario nazionale) mais la gestion du système de soin est décentralisé auprès des ASL (azienda sanitaria locale). Ces bureaux locaux répartis sur tout le territoire ayant une grande autonomie, cela engendre de fortes inégalités entre les régions quant aux délais d’attente et à la qualité des soins.
Il y a donc une prise en charge des visites chez les médecins ainsi que de certains médicaments prescrits sur ordonnance. La sécurité sociale italienne couvre :
- Médecin généraliste
- Pédiatre
- Gynécologue, avec participation prévues pour les patients qui dépasseraient un certain niveau de revenu
- Soins dentaires (Alors là il y a débat. J’ai trouvé ces informations sur différents sites officiels mais dans les faits cela ne semble pas vraiment être le cas, voire pas du tout ! Qu’est-ce qu’on entend par soins dentaires exactement, je l’ignore. En tout cas l’idée d’une couverture sociale pour le dentaire semble un peu illusoire).
- Hospitalition
- Médicaments (sur ordonnance)
La différence par contre est que l’on ne peut pas vraiment choisir son médecin. Il y a une liste de docteurs et de pédiatres disponibles par quartiers et il faut s’en tenir à ça. C’est à l’azienda sanitaria qu’il faut aller pour déclarer son choix (ça me reprend ! URTICAIRE !!!!!!!!!).
Pour le reste des prestations,permettant de bénéficier de la gratuité des soins, il faut se rendre dans un établissement de santé conventionné par la SNN, du coup, forcément, il y a du temps d’attente.
Sinon, vous pouvez passer par le privé. Nous avons déjà dû emmener Elliot 3 fois chez un pédiatre privé (vu qu’on n’ a pas de sécu encore !!!! Keep calm). Chaque consultation coûte 60 euros, et encore il n’est pas « trop cher » pour l’Italie. On ne peut pas être remboursés tout comme nous ne pouvons bénéficier de la gratuité des médicaments puisqu’ils sont prescrits par un pédiatre privé.
Bon, quand nous serons enfin assurés, les choses devraient être plus simples, mais je dois bien avouer que notre belle vieille France me manque à ce niveau là.
La raclette
Alors oui, les préoccupations des uns ne sont pas celles des autres à l’évidence ! Et pourtant ! Cette question essentielle du français est revenue plus d’une fois ! Panique dans l’oeil : « Mais au fait ! Ils ont de la raclette ? ». Je vous comprends les amis, moi-même ça m’inquiétait avant de partir! « Mon dieu ! Je ne tiendrai pas un hiver sans raclette !!!!!! » Regard hagard du désespoir.
Alors, tenez-vous bien ! OUI ! Les italiens ont de la raclette. Lors de nos repérages à Lodi l’année dernière j’avais vu plusieurs boutiques affichant « raclette » sur leur devanture, comme un signe du destin : « t’inquiète petite, tu l’auras ton fromage qui pue ! ». Bon, depuis que je suis là, je ne les ai pas revus (« NONNNN ! » Errance en peignoir, cheveux décoiffés et yeux bouffis de la personne au fond du trou qui n’a pas vu un rayon de soleil depuis 3 jours. #CarrieaprèsqueBiglaiplantéeaumariage #çavabiendansmatêteetvous ?)
Mais je n’ai pas assez cherché aussi. On s’est pris un délire avec Nico, on a essayé d’italianiser la raclette. Du coup charcut’ ritale il va s’en dire ET de la tomme piémontaise. Piémont = Alpes = Pas trop loin de la raclette. Eh bien le goût y est, c’est certain MAIS, je vous le donne en mille : c’est tellement mais tellement plus salé ! Du coup, dans 10 jours je rentre en France : Raclette party + raclette dans le coffre pour le retour en Italie (oh punaise, va falloir la jouer fine pour pas que ça n’embaume pas dans la voiture).
Notons aussi qu’ils ont une fondue, qui n’est pas comme la nôtre. Elle se nomme la fonduta toujours cette histoire du « o » du « a », n’est-ce pas ? Elle n’est composée que d’un seul fromage, la fontina, de lait, d’oeuf, de crème, de beurre et de poivre blanc. Vous voyez aussi légère que la française quoi ! C’est absolument excellent ! On en a mangé une très bonne à Bergame. Avec de la polenta, ça se mélangeait ma foi fort bien !
Les congés
Ah ! Le français, le français ! Cet être toujours insatisfait, toujours en rébellion, monsieur « oui mais », monsieur « non !!!! T’as encore rien fait mais nonnnnn ! », monsieur « je peux pas je suis en RTT », « ah non le 17 je suis en congés pour 15 jours », « euh le 8 ? C’est férié ! ». HAHA ! Rire démoniaque ! Démasqué ! « Les enfants c’est la rentrée, les enfants c’est les vacances ! ». Alors, forcément, quand on annonce qu’on part en Italie, en contrat local, ça fout les chocottes ! Mais, mais, mais… les… (murmure) congés ? », demande-t-on en s’étranglant avec sa bière de midi, qu’on sirote pendant la pause déj’ qui dure 1h30. Bon, eh bien on n’est pas trop mal tombé. Les congés en Italie, c’est 5 semaines (quoi ? Comme en France ! Waouh) par an. Il y a aussi des RTT ! Nico en a moins qu’en France mais ça doit dépendre des boîtes bien sûr ! Les pauses déjeuners par contre traînent bien moins en longueur. En fait, à dire vrai, les italiens tous flemmards qu’ils sont (mon dieu, je vous prépare un nouveau choc culturel pour bientôt, ils me tuent ces ritals), bah ils sont quand même super bosseurs !
Ils sont gentils les italiens ?
Cette question me fait toujours rire. Elle en dit long sur ce que nous pensons de nous-mêmes en tant que français. En même temps, qu’est-ce que je n’aimerais pas être étrangère en France ! Il y a des jours, quand j’ai un petit coup de blues, je pense aux français et ça va mieux ! Mais quel peuple de sauvages (je vous aime quand même, coeur sur vous) ! J’ai bien ri ce matin, j’écoutais France Inter et ils parlaient d’une étude qui épinglait les français en « révélant » que les enfants français étaient ceux qui avaient le plus de difficultés à travailler en groupe de toute l’Europe ! TU M’ÉTONNES ! Non mais attendez, parenthèse ! Prenez un truc tout bête ! LA FILE D’ATTENTE ! Eh bah moi je vous le dis, j’ai quand même un peu voyagé à travers le monde, j’ai traversé des pays bien à l’arrache, eh bien je n’ai jamais vu un seul autre endroit où on ne faisait pas la queue avec respect ! Mais on est où là ? Changer de file toutes les deux secondes pour aller à la plus rapide, passer devant les gens l’air de rien, même si tu es enceinte ou avec un enfant ! Les gens qui râlent parce que tu passes en caisse prioritaire enceinte ! SERIEUSEMENT ? Non mais savez-vous qu’il y a à peine 3 ans, chez H&M, si vous étiez enceinte, il fallait aller demander par vous-même aux gens s’ils voulaient bien vous laisser passer, les caissières ne s’en mêlaient pas. Et je vous laisse deviner, j’ai demandé et une vieille bique m’a répondu d’un air agacé : « oh non hein non ». VOILÀ ! Il y a un sacré travail à faire les gars ! Alors, bravo d’avoir au moins la lucidité de se dire qu’on est un peu pourri parfois en demandant si les ritaliens sont plus gentils (en substance c’est ça la question sous-jacente).
OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !
Je viens de vivre un grand moment de solitude en tapant tous les « i » un par un mais ça en valait la peine.
Oui bien sûr j’ai envie de dire ! Ils sont adorables même ! Alors ok ! Ce sont des déglingos au volant, je pense que c’est un peu leur exutoire la voiture en fait, mais en dehors de ça… Alors évidemment, il y a toujours des exceptions, comme en France, il y a des gens sympas ça arrive. (Mouhaha !). De temps à autres il y a des grincheux, des agacés par les enfants, des racistes, des cons quoi. Mais, waouh ! J’en croise drôlement moins que dans ma mère patrie. Encore ce matin, j’étais à Milan, dans le métro avec Chiara en porte-bébé. À chaque fois quelqu’un m’a proposé sa place. Et puis on parle ! Les gens se parlent bon sang ! Qu’est-ce que ça fait du bien ça ! Le petit mot pour le bébé, les conversations pour un oui pour un non. Même dans l’enfer de la salle d’attente de la sécu il y avait un volume sonore de fou ! (D’ailleurs la nana me faisait répéter sans cesse, je crois que je ne parle pas assez fort pour l’oreille italienne !). Les gens qui font coucou aux enfants, la pharmacienne, tout le monde. C’est une autre ambiance, tout le monde rit, pas étonnant qu’ils vivent aussi longtemps. Même dans une ville immense comme Milan, on peut se sourire dans le métro. Les enfants y jouent pour beaucoup mais j’ai déjà pris le métro avec Elliot en France, je vous garantis que ça n’avait absolument rien à voir !
L’école
Grande préoccupation que celle de la scolarité ! Certains choisissent de mettre leurs enfants en école française quand c’est possible (à Milan évidemment ça l’est), mais vu le jeune âge d’Elliot nous avons préféré l’inscrire dans une école italienne afin qu’il s’imprègne de la langue et que nous soyons baignés dans la vie locale.
Pour l’école c’est un peu comme pour tout en Italie, le rythme dépend de chaque établissement. Certains font cours toute la journée, tous les jours, d’autres toute la journée et seulement le mercredi matin et il y a encore d’autres possibilités. Dans l’école d’Elliot il n’y a pas d’heure fixe d’arrivée (du moins pour la maternelle, je ne sais pas ce qu’il en est pour la primaire). On peut déposer son enfant entre 7h45 et 9h15. La sortie se fait à 16h. On peut aussi récupérer son enfant à 13h et le garder l’après-midi chez soi (ou on peut être obligé de procéder comme ça pour différentes raisons, hum hum !). Il a cours du lundi au vendredi sans interruption.
Quant aux vacances scolaires, il y en a beaucoup moins qu’en France. Les vacances d’été durent 3 mois, ce qui les rend en effet plus longues que les françaises mais ensuite il n’y a quasiment rien en dehors de Noël, de quelques jours à Pâques, et éventuellement quelques jours également en février selon les écoles. Un rythme donc assez soutenu mais compensé par une ambiance très douce, en tout cas pour ce que j’observe en maternelle. On donne des bonbons aux enfants et les maîtresses sont très maternantes. La mama encore et toujours !
Le vin
Vous connaissez l’expression : « l’exception culturelle française » qui fait croire aux français qu’ils sont les seuls à faire de l’art digne de ce nom ? La même dont découle la croyance selon laquelle, pour les parisiens, la quintessence du monde se trouve entre leurs murs et pas au delà. La province… je t’en donnerai moi de la province. Bref. Enfin, en ce moment, je connais de plus en plus de parisiens qui viennent s’installer à Lyon, je dis ça, je dis rien, mais je l’dis quand même ! Oh arrêtez, je vais être obligé de glisser « Quinoa » et ça n’aura plus aucun rapport avec ce que je suis entrain de raconter. Ça n’a ni queue ni tête ces articles, on dirait des supermarchés italiens ! Oui mais… il y en a peut-être qui ne connaissent pas ? OK ! D’accord ! Je le mets et ensuite on parle pinard (ouiiiiiii).
Donc évidemment, en bons français que nous sommes, la question du vin, qui nous rend si fiers (et y’a de quoi !) est primordiale ! De l’Italie, on ne retient souvent que le Chianti, lorsque l’on n’est pas trop initié. Il faut dire que la Toscane est réputée pour son vin et non sans raison ! On va d’ailleurs bientôt faire une dégustation durant une séance d’oenologie sur les vins toscans, je me réjouis d’avance (oui je ne crache pas c’est gâché ! Je m’en fiche !).
En réalité, l’Italie est un pays viticole très riche ! Toutes les régions ou presque produisent des vins vraiment excellents. Honnêtement, je serai ravie de boire un bon Côtes de Nuits ou un Mercurey en rentrant en France (Bourgogne forever) mais je me régale ici et tout est à découvrir ce qui est grisant (et une excellente excuse pour boire un p’tit verre). Je vous prépare d’ailleurs un article pour dans quelques temps avec une première sélection vins et fromages italiens coup de coeur. Mais il faut que j’en boive un ou deux encore histoire d’être sûre de moi ! Hahahahahaha ! #enfantprislamaindanslesac
Alors voilà quelques explications aux questions existentielles que se pose tout bon français face à l’expatriation en Italie. Vous voyez, je n’arrête pas de vous dire qu’on est bien ici ! Il y a de la raclette (peut-être), une sécu (un jour), du vin (beaucoup !), des congés comme en France, l’école est flexible et les italiens sont troooooppp gentils (sauf peut-être à Naples, hum j’y vais au printemps prochain, je vous ferai un topo) !