La sortie des usines Lumière #EnFranceAussi

Tout le monde a vu au moins une fois dans sa vie cette image. Des ouvriers sortant d’une usine, dans un noir et blanc saccadé. Mais saviez-vous qu’il s’agissait du premier film de l’Histoire du cinéma ? Et qu’il avait été tourné à Lyon ? Aux usines Lumière ? Et par Louis Lumière lui même. Aujourd’hui, je ne vous propose pas une découverte de la France à proprement parler. Mais plutôt une plongée dans la genèse du cinéma et son impact sur le Lyon actuel. Parés ? Action !

Cet article participe au rendez-vous inter-blogueurs #EnFranceAussi organisé par Sylvie @Le Coin des Voyageurs et sur proposition de Mathylde du blog Mordue de Voyage dont le thème est : « Lieux de tournage». Ce mois-ci nous vous proposons également un concours avec notre partenaire Gallimard. Rendez-vous à la fin de l’article pour en savoir plus !

Le premier film de l’Histoire du cinéma

Bien qu’il y ait une éternelle bataille pour savoir si oui ou non ce film est bien le premier (les frères Lumière n’étaient pas les seuls à se pencher sur cette technique), la sortie des usines Lumière à Lyon est bien le premier film à avoir été projeté sur écran, à l’aide du cinématographe. La première projection publique du film a eu lieu le 28 décembre 1895.

Imaginez un film de 45 secondes ! Bien que la tendance soit de plus en plus à la concision sur le net, aller au cinéma pour un temps si court nous dépasserait aujourd’hui !

Pourtant la révolution était en marche et les foules prêtent à se déplacer !

Pitch

Attention teasing de folie : des ouvriers des usines Lumière sortent du hangar après une journée de labeur. Ils se dirigent vers la rue. Clap final. Sachez cependant qu’il existe au moins 4 versions de ce film. Mais l’histoire est la même. Il s’agissait d’un besoin technique afin d’obtenir des négatifs originaux pour ne pas user les bandes.

Cinéma ou documentaire ?

Les spécialistes du cinéma ont souvent créé une opposition entre le cinéma des frères Lumière et celui de Méliès. Le premier étant qualifié de documentaire quand le second serait une véritable oeuvre artistique. Et personnellement je rejoins cet avis (ah oui je vous ai pas dit ? J’ai étudié le cinéma  ). Cependant, l’un ne va pas sans l’autre et la technique est le support principal de cet art. Après des années de recherche acharnée, l’obstination des frères Lumière a fini par payer. C’est quand même un peu grâce à eux que nous avons ensuite pu voir tous les chefs d’oeuvre du XXème siècle et tous les films qu’on aime quels qu’ils soient.

Les frères Lumière et Lyon

Quelle fierté pour une ville d’être le berceau du cinéma, non ? Et les lyonnais le savent bien. La présence des frères Lumière nous suit de partout dans la cité des gônes. Sur les murs peints, véritable tradition lyonnaise, jusqu’au nom des stations de métro : Monplaisir-Lumière.

Monplaisir, c’est le quartier du 8ème arrondissement de Lyon où se situe la maison des frères Lumière et le musée du cinéma. Vous devez absolument y faire un tour si vous passez par notre belle ville. Déjà parce que la maison est splendide et ensuite parce que la visite guidée est très enrichissante (et ludique pour des jeunes enfants). Non loin de la maison, l’ancienne usine a été réhabilitée en salle de projection. Il est désormais possible d’y voir toute l’année des grands classiques comme des films confidentiels ainsi que de participer à des soirées thématiques. Fût une époque,  il y avait même des nuits de l’horreur nommées « Epouvantable vendredi ». Bon enfant et riche en découvertes. Malheureusement, ce rendez-vous n’existe plus.

Le festival Lumière, héritier de l’histoire lyonnaise

Depuis 2009, la ville bat au rythme des projections pendant une semaine en octobre. C’est le festival Lumière. Chaque année, un réalisateur est mis à l’honneur et présent à plusieurs projections (Quentin Tarantino, Clint Eastwood, Martin Scorsese, Gérard Depardieu etc.). Souvent cet invité d’honneur, venu recevoir le prix Lumière, organise une masterclass. Autant dire qu’il faut être dans les starting-blocks pour avoir une place !

Initié par Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière et délégué général du festival de Cannes (je l’ai eu comme prof, on pourrait l’écouter parler des heures), ce festival est vraiment génial.

Pour tous les goûts

Le festival Lumière mélange les genres. Les vieux films muets comme les nouveaux classiques tels Inglorious Bastards. La plupart des cinémas de la ville sont partenaires de l’évènement et les gens se promènent d’une salle à l’autre au gré de leurs séances. Des ciné-concerts sont organisés autant à l’auditorium de Lyon que dans des plus petites salles telles l’Epicerie Moderne à Feyzin. Bref, cet évènement fait à la fois honneur à l’histoire de la ville et lui offre une splendide dynamique.

Les remake de la sortie des usines

Au fil des années, plusieurs grandes figures du cinéma ont réalisé ou participé à des remake de ce film majeur. En 1995, pour le centenaire du premier film, la sortie des usines est devenue : la sortie des cinéastes. Puis avec le festival Lumière, plusieurs grands se sont prêtés au jeu tels Quentin Tarantino, Xavier Dolan ou encore Pedro Almodovar.

J’aime assez le décalage que cela crée. Le 8 ème arrondissement de Lyon est en effet un peu laissé pour compte, même si ça tend à changer de plus en plus. Bien que les abords de l’Institut Lumière aient depuis longtemps été investis de manière conviviale, on vient rarement dans le 8ème « pour le plaisir ». Est-ce que je la fais ? À Monplaisir, pour le plaisir (sur une mélodie d’Herbert Leonard… #NON). Finalement, c’est tout cet héritage qui permet de valoriser ce quartier un peu mis de côté.

Comme vous le voyez, l’usine des frères Lumière est le premier lieu de tournage de l’histoire du cinéma. Classe non ? Et si on aime cet art, ou que l’on s’intéresse à l’Histoire, je trouve qu’il y a une vraie émotion à se poster devant l’usine (qui ne ressemble plus du tout à ça bien sûr) et à imaginer qu’il y a plus d’un siècle, des gens ont simplement marché et ont été immortalisés. Entrant dans l’Histoire, sans le savoir.