L’Italie dispose de plus de 8000 km de littoral… autant dire qu’il y a de quoi faire, tant sur la côte méditerranéenne qu’adriatique pour qui veut passer du temps en bord de mer.
Fraîchement installés au pays des ritals, nous avons décidé de nous orienter vers l’adriatique. Nous ne connaissions pas ce côté de l’Italie (en dehors de Venise) et les collègues de Nico lui avaient vanté le côté familial. Ils n’ont pas menti.
Nous avons donc posé nos valises non loin de Porto Garibaldi et Comacchio aux portes du Parc National du delta du Pô qui regorge de marais, d’oiseaux migrateurs, de flamands roses…
Chacun à sa place
Un peu plus au nord que la célèbre Rimini, cette série de lidi (lagunes, plages) suit cependant la même logique de masse. Mais étrangement avec une sorte de charme désuet.
Une longue série de parasols occupe toutes les plages. L’équipement semble être d’un autre temps : des rayures, du bleu azur et des transats qui ont bien vécu. De partout, des petits chemins aménagés au milieu du sable permettent de circuler jusqu’à son transat sans peine, très pratique pour ceux qui, comme nous, vont à la plage avec une poussette !
Ici, je marque une pause ! En effet, j’ai bien écrit précédemment que nous nous rendions à notre transat. Car c’est ce qui est assez étonnant ! Tous les parasols appartiennent soit à des hôtels soit à des bars. Lorsque l’on réserve une chambre ou un appartement on a également le droit à un emplacement.
Ce qui est drôle par contre, c’est qu’il y a un véritable plan de plage ! Nous avons débarqué samedi en fin d’après-midi mais n’avons mis les pieds à la plage que lundi en fin de journée (oui, il y a 2 piscines assez géniales dans notre village vacances et nous avons activé le mode loque). Lorsque nous avons débarqué, nous étions un peu perdus. Munis de notre voucher (bon), nous sommes allés voir un des membres du personnel de la plage et il nous a expliqué que l’idéal était de venir dès le dimanche pour choisir son spot de rêve. Nous avons pris ce qu’il restait et honnêtement c’est très bien.
Ce système présente certains avantages dont le principal est l’absence totale de stress. Vous savez, ce truc qui vous fait dire « pourvu qu’on trouve une place à la plage « . Eh bien là, envolé ! Vous avez un numéro d’emplacement pour la durée de votre séjour.
Les gens laissent même leurs affaires le soir et de nombreux parasols sont affublés de filets remplis de jouets de plage, de crème solaire ou de chapeaux.
Au royaume des familles et des parasols
Étonnamment, bien qu’il y ait beaucoup de transats et de monde, je ne peux pas dire qu’on ait vraiment l’impression d’être les uns sur les autres, comme on peut le ressentir parfois en Espagne par exemple. Peut-être est-ce du au fait que nous arrivions bientôt en fin de saison.
L’ambiance est très familiale et souvent plusieurs générations partagent les transats. De la nonna (la grand-mère) aux bambini. Et franchement, c’est exactement l’image que nous nous faisions des vacances italiennes. Un peu rétro, un peu figée dans les années 60, comme dans un vieux film. Les vacances de Monsieur Hulot en moins snob en fait…
De nombreuses installations sont prévues pour le confort de tous : vestiaires et toilettes dans des cabanons en bois, terrains de volley, hangar à matelas pneumatiques en tous genres, jeux pour les enfants, paillotes. Pas mal de musique sans que cela ne soit vraiment gênant. Par contre beaucoup de vendeurs à la sauvette un peu insistants mais bon… comme partout quoi.
Le spot serait vraiment parfait si l’eau n’était pas aussi peu… emballante. Le sable un peu grossier ne permet pas de créer de jolies couleurs. Tout est néanmoins propre, c’est simplement qu’on ne voit pas le fond de l’eau…
Plage payante, quand l’espace public ne l’est plus
Mais forcément, il y a un gros « mais ». En me renseignant un peu afin de savoir si toute la côte adriatique fonctionnait de la sorte, j’ai en fait découvert que c’était l’Italie toute entière qui procédait ainsi. À tel point que l’affaire a dû être encadrée par une « loi littoral », qui n’est malheureusement pas très respectée.
En effet, l’occupation des plages par ces hôtels et cafés crée un énorme déséquilibre : les plages sont payantes ! Et nombreux sont ceux qui se plaignent de ne pouvoir accéder au littoral librement.
La loi exige de laisser 40% des plages libres mais les municipalités préfèrent les mettre en concession et du coup ne s’occupent pas de ces espaces libres. Résultat les plages sont sales et peu attrayantes. De plus, elles ne disposent pas de maîtres-nageurs-sauveteurs. Pire, certains bars ou autres exigent des droits de passage, pour traverser leur plage, ce qui est strictement interdit bien évidemment. Les associations de consommateurs mènent de grosses batailles sur le sujet.
Quant aux plages payantes, elles restent très encadrées. Nous avons par exemple une petite tente pour les enfants afin de les protéger du soleil et de leur faire un petit espace de jeu. Eh bien, un des gérants de notre plage est venu me demander de l’enlever. Il n’y a aucune raison à cela, juste que ça doit gâcher leur paysage de parasols j’imagine. J’avoue que ça m’a un peu énervée. En effet, ce n’est pas vraiment la conception que j’ai de la plage et là commence un peu la limite de la liberté à mon sens.
Pour conclure, cette échappée dans les années 60 sur la côte adriatique n’a pas été pour nous déplaire. Les plages comme toutes les constructions ont une absence de charme qui leur confèrent justement un charme suranné. Le point d’orgue restera la promenade en bâteau dans les marais de Comacchio… splendide.
Ceci aura par contre le mérite de nous avoir fait découvrir une nouvelle facette de la culture italienne (qui n’en a pas l’exclusivité j’en suis bien consciente !)
Pour aller plus loin
Andiamo ! Plages à péage Un très bon article sur un blog de Libération datant de 2009
2 Responses
Merci pour l’article. J’envisageais un voyage en famille dans les Pouilles ou en Calabre. Ça se passe donc comme ça en Italie.
J’ai cru comprendre au cours de mes lectures qu’il existait encore quelques lieux préservés mais difficiles à trouver… Cela ceci dit n’enlèvera rien à la beauté des Pouilles ou de la Calabre j’en suis certaine. Mais il est vrai qu’il n’y aura peut-être pas de visite ponctuée par une baignade sur une plage sauvage à la fin de la journée. Encore que… j’ai confiance dans le fait que des gens en aient trouvée et qu’ils aient partagé leur petit secret sur la toile… Tenez moi au courant si vous faites ce voyage et que vous arrivez à échapper aux plages payantes. Je serais curieuse de savoir ce qu’il en est !