Les Globe Croqueurs

Des sourires dans les montagnes : trek de 2 jours à la rencontre des Birmans…

Nous voilà à présent à Bagan, après un trajet épique qui aura débuté à 5h30 du matin pour s’achever à 19h, en empruntant un bus folklorique et inconfortable, autant dire que l’on n’était pas au meilleur de notre forme à l’arrivée !

Si nous n’avons pas encore profité de la cité aux 4000 temples, nous avons ces derniers jours vécu une très belle expérience grâce au trek de 99 (Nine-Nine), à Kiaukme.

Pratique : si vous voulez vous aussi partir trekker avec Nine Nine, vous pouvez le contacter à cette adresse : naingninenine@gmail.com

Nous sommes partis mercredi matin à 7h avec Philip, l’américain et Juergen, l’allemand et avons commencé à arpenter les montagnes. Très vite, nous avons su que nous allions passer deux jours très agréables. 99 a plus d’un tour dans son sac et quand il ne nous expliquait pas quelque chose sur la région, nous avions le droit à des blagues plus ou moins graveleuses ou de surprenants tours de magie. D’emblée, la bonne humeur régnait ainsi que la bonne entente avec nos compagnons de route. Cela sans compter le fait que 99 avait tout prévu pour nous donner des forces : nous avons eu le droit à des gâteaux, du pain au sésame, du sticky rice et même des crêpes !

Après avoir gravi une pente particulièrement raide, nous avons atteint une école, posée au milieu de nulle part. Autour il n’y avait que des montagnes, quelques maisons par ci par là, un cortège de chevaux qui passait de temps à autre, mais pas l’ombre d’un village et encore moins d’une ville.

De ce petit bâtiment en bois émanait un brouhaha incroyable et pour cause ! Imaginez une salle de taille moyenne dans laquelle on séparerait les enfants en petits groupes selon leurs âges et où chacun réciterait sa leçon en même temps le plus fort possible. Ajoutez à cela deux ou trois institutrices et vous aurez une idée de ce à quoi peu ressembler un tel endroit.

Grâce à Nine Nine, qui connaît tout le monde dans les montagnes et qui parle les dialectes (les hauteurs sont habitées par la minorité Palaung, à laquelle il appartient, tandis qu’un peu plus bas, on trouve quelques villages Shan), nous avons pu rentrer à l’intérieur de l’école et rencontrer les enfants. C’était un moment vraiment extraordinaire. Tous nous regardaient avec curiosité et amusement. Lorsque nous prenions des photos d’eux et que nous leur montrions, ils éclataient de rire et se moquaient les uns des autres. Nous avons vécu une scène vraiment drôle avec une des institutrices. Elle m’a demandé de venir vers elle pour que nous nous prenions en photo mais elle avait l’air toute petite à côté de moi ! C’était vraiment deux poids deux mesures. Elle a donc décidé de se mettre sur la pointe des pieds puis Philip s’est mis à genoux à côté d’elle. Toute cette scène a créé l’hilarité aussi bien chez les adultes que chez les enfants.

Nous les avons ensuite quittés pour rejoindre un petit village au sein duquel nous avons déjeuné et fait une sieste réparatrice. Nous n’avions encore jamais pénétré dans une de ces maisons et c’était assez surprenant. Elle était composée d’une pièce de taille moyenne qui faisait office de cuisine, d’une grande pièce qui devait aussi bien servir de salle de vie que de chambre et d’une autre, séparée par un tissu, qui devait être la chambre parentale. Quant aux toilettes, un petit cabanon à l’arrière du jardin avec une version à la turque.

Tout était si calme, juste le bruit du vent et des oiseaux, loin du reste du monde, c’était assez magique.

Dans l’après-midi, nous avons poursuivi notre route et avons rencontré des gens qui faisaient du charbon et des femmes qui travaillaient dans des champs de thé à flan de montagne. Leurs chants mélodieux résonnaient en chemin et j’aurais voulu que le temps s’arrête juste un moment pour graver la perfection de ce tableau.

En arrivant au village, après une journée de 18km de marche, nous avons posé nos affaires dans la maison où nous allions passer la nuit. Une grosse bouilloire en fonte était placée sur le feu, comme dans toutes les maisons que nous avons pu voir et une femme travaillait le riz tout en nourrissant son magnifique enfant qui devait à peine avoir un an.Dans un dernier effort, nous avons gravi une colline pour admirer le coucher de soleil. Il y avait des nuages mais les couleurs étaient belles. Au retour, le diner était prêt et nous nous sommes régalés d’omelette, de pommes de terre, de légumes et de riz. Juergen avait pensé à tout et emmené avec lui une petite bouteille de Cognac que nous avons finie gaiement, pendant que nos hôtes continuaient à travailler le riz pour le lendemain. A 21 heures tout le monde dormait comme s’il était minuit, une autre vie…

De gauche à droite : Philip, 99, Nico, moi, Juergen

Le lendemain, nous nous sommes réveillés avec les poules et avons eu le droit à du riz et de l’oeuf dès le petit déjeuner ! Intrigués, nous avons demandé à 99 comment vivait cette famille, d’où elle tirait son revenu. Il nous a expliqué qu’ils possédaient une plantation de thé qui leur permettait de gagner de l’argent pendant quelques mois et d’économiser pour les mois où plus rien ne poussait. Il faut savoir que la culture du thé est considérée comme une « mission divine » par les Palaungs et ce depuis le XII° siècle! C’est incroyable de se dire qu’ils n’ont pratiquement pas changé de mode de vie depuis plus de 900 ans…

Il faut bien avouer que pour nous tous, ce mode de vie est difficile à concevoir et nous nous sommes interrogés sur leur bonheur. Sont-ils biens ainsi ? Ont-ils besoin d’autre chose ? Rêvent-ils à une vie avec plus de confort ? Ne sont-ils pas lassés de refaire jour après jour le même travail de préparation du riz, de la coupe du bois, du ramassage du thé ? Beaucoup de questions en suspens auxquelles ils nous paraît difficile de répondre sans passer plus de temps avec eux…

Nous sommes repartis pour parcourir les 12 kilomètres du jour et les enfants nous lançaient de grands « tata » (au revoir). En chemin, nous nous sommes arrêtés dans un village théâtre de violents combats il y a cinq ans, entre l’armée shan et l’armée birmane. Les minorités réclament en effet leur indépendance pour échapper aux inégalités créées par le régime birman. Les maisons étaient pleines d’impacts de balles, c’était assez impressionnant. En regagnant Kiaukme, il était étrange de retrouver la ville et son agitation. Dur à croire aussi qu’à quelques kilomètres de là il y a ce monde parallèle vivant dans un autre siècle.

Le soir, Nine Nine est venu nous retrouver à l’hôtel et nous a emmener au sommet d’une colline pour admirer le coucher de soleil. Juergen se reposait et seul Philip était avec nous. Pour y aller, nous sommes partis à trois sur le scooter de Nine Nine, Nico, lui et moi puis il est allé chercher Philip. Première expérience à 3 sur un scooter, c’était folklorique !

Une fois le soleil couché, 99 nous a ramenés puis nous nous sommes laissés avec un pincement au coeur. C’est le genre de personne que l’on n’oublie pas. Un vrai personnage, drôle, intéressant et engagé.

Le soir nous avons partagé un repas avec nos nouveaux compères et il faut bien avouer que là aussi, nous nous sommes difficilement séparés. Philip avait même acheté un peu de whisky et est venu nous proposer un verre avant de dormir.

Ce trek aura été un très bon moment dans notre séjour au Myanmar, plein de belles rencontres, de paysages extraordinaires et de beaux moments humains. Nous espérons en vivre d’autres comme ça. En attendant, Bagan nous tend les bras et nous comptons bien en profiter… Et parce qu’on brave la médiocre connexion, on vous offre encore quelques belles photos ! 😉

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6 Responses

  1. BRUNA

    On n'arrête pas de savourer ce nouveau récit du début à la fin et d'admirer ces habitants et les
    enfants qui semblent très heureux. Les photos sont superbes. Le coucher de soleil, le soir de
    la St Valentin, quoi de plus beau !
    Merci de nous faire partager votre aventure et à bientôt.

  2. Très touchant récit et magnifiques photos. C'est authentique et grâce aux mots et aux images on partage votre ressenti. Une vraie incursion en terre inconnue agréable étonnante et bouleversante.
    Un grand "tata" et à bientôt !

  3. On croirait vivre les instants authentiques de "Rendez-vous en terre inconnue" ! Plein d'émotion en lisant vos lignes et en admirant vos magnifiques photos, on s'y croirait ! "Carpe Diem" les amis et à bientôt de vous lire ! Bises Nathalie (ta cousine)

  4. Ca à l'air hyper sympa ce trek.
    Je rêve de la Birmanie dans mon TDM, mais c'est le seul pays pour lequel Chéri à mis un véto 🙁

    Cécilia

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