Nous sommes à présent au Lac Inle où nous coulons des jours paisibles entre balade à vélo et promenade sur l’eau.
Nous avons quitté Bagan lundi soir et sommes arrivés dans la nuit, à 3 heures du matin. Nous ne nous attendions pas à y être si tôt et n’avions aucune réservation. Il faut savoir que peu d’hôtels ont l’agrément pour accueillir des étrangers si bien que l’offre est extrêmement restreinte et que tout était complet. Nous savions qu’il était possible de dormir au monastère contre une « donation » de 5000 kyats (environ 3,5 euros) par personne et par nuit et avons donc tenté notre chance.
La scène était assez drôle puisque nous nous y sommes rendus en trishaw, vélo avec un siège à côté pour le passager, au milieu des rues désertes. Heureusement pour nous, le monastère a aménagé un espace au rez-de-chaussée pour les arrivées tardives et nous avons pu dormir à peu près correctement bien que dans des conditions spartiates.
Nous nous sommes réveillés mardi, à 10 heures, heureux d’avoir pu avoir une nuit de sommeil convenable, d’autant plus que le bus de nuit que nous avions emprunté était le pire depuis le début du séjour. Pour vous donner un ordre d’idée, personne n’osait abaisser son siège par peur d’étouffer son voisin de derrière et il n’y avait aucune place pour les jambes. Quant à la largeur des sièges… insignifiante !
Après un bon petit déjeuner nous avons décrété qu’il faisait déjà trop chaud pour louer des vélos et avons choisis de nous promener dans Nyangshwe, petite ville assez vivante où nous résidons, à 6 kilomètres environ du lac. Nous nous sommes rendus au marché et avons pu admirer des étals de nourriture colorés ainsi que déguster une excellente soupe shan. J’ai également fait l’acquisition d’un chapeau à la mode locale.
Il y a de nombreux petits canaux dans la ville, ainsi qu’un plus important qui mène au lac et il y règne une vie assez incroyable. Par endroits, des dizaines de bateaux sont entreposés, dans d’autres, des femmes et des enfants se lavent ou font leur lessive dans l’eau boueuse. Certains petits ponts nous rappellent Venise et on s’amuse à refaire des photos à l’identique comme celle devant le pont des soupirs.
Nous étions à la recherche d’un moine boudhiste, avec une question bien précise en tête. En effet, durant notre dernière nuit à Bagan, nous avons appris une triste et douloureuse nouvelle, Roland, le grand-père de Nicolas est décédé. Comme nous n’étions pas présents pour les obsèques, nous avions en tête de nous recueillir et de rendre hommage à la façon locale, donc boudhiste, mais nous n’en connaissons pas les coutumes. Et c’est dans ce cadre que nous avions envie de rencontrer un moine.
Nous avons tenté dans plusieurs monastères sans succès, aucun ne parlait anglais. Puis, la chance a tourné et un moine nous a dit de le suivre. Nous n’étions pas sûrs que je puisse accéder au bâtiment mais ça n’a pas posé de problème et nous nous sommes retrouvés dans les appartements des novices (jeunes moines) puis dans la chambre d’un des « surveillants » probablement, qui était censé parler anglais.
Avant même que nous ne disions quoi que ce soit, il a sorti des tapis, nous a dit de nous assoir, nous a montré sa télé qui était branchée sur une chaîne de sport australienne puis nous a écouté. Mais impossible de lui faire comprendre la situation ou notre question, même en prenant un dictionnaire. Il a appelé son professeur d’anglais et passé le téléphone à Nicolas mais le brouhaha des jeunes moines récitant des prières a couvert la conversation. Sans compter le fait qu’on entend très très mal dans ces téléphones et qu’une conversation en anglais entre un français et un birman… ce n’est pas facile. Bref, en raccrochant, nous n’étions pas plus avancés. Le moine nous a regardé avec un grand sourire et nous a proposé du thé et une sorte de galette que nous soupçonnons d’être faite à base de tofu. Je lui ai montré mon passeport pour qu’il comprenne d’où nous venions et il a regardé ça avec une grande curiosité, puis il a sorti une carte pour nous montrer où se situait le village d’où il est originaire. Quant à Lyon, le nom lui parlait, à cause du football encore et toujours. C’était un beau moment, inattendu et improbable.
Il a ensuite tenu à nous montrer le temple, allumant même tous les néons pour qu’il soit au mieux et nous a invité à rester pour les shanti (prières chantées) du soir. Nous avons alors pensé que ce serait un parfait moment pour se recueillir en la mémoire de Roland. Nous sommes restés jusqu’à la fin, transportés par la communion de toutes ces voix.
Après toutes ces émotions, c’est autour d’une bonne pizza que nous avons achevé la soirée avant de passer une nouvelle nuit au monastère, cette fois-ci installés un peu plus confortablement puisque nous avons été « mutés » à l’étage, sur des sortes de futons. Des rideaux séparaient notre « lit » du reste des occupants permettant un minimum d’intimité.
Mercredi matin, nous nous sommes levés de bonne heure et avons pris des vélos pour nous rendre aux sources chaudes, à une quarantaine de minutes de Nyangshwe. Le trajet était vraiment splendide, empruntant une route le long des marais et nous permettant d’admirer les agriculteurs au travail et des dizaines de buffles.
Au bout d’une heure cependant, toujours rien et uniquement des panneaux en birman. Nous poursuivons notre route sans succès et décidons de rebrousser chemin, la chaleur commençant à se faire plus pesante. Avant de repartir, nous remarquons des paysans qui plantent le riz et nous approchons.
Ils sont entrain de creuser les sillons avec des buffles ! Nous n’en revenons pas de ces méthodes à l’ancienne, ainsi que de la gaieté des gens qui nous lancent de grands « Minghu Laba ». Sur le retour, nous observons cette nature encore un peu embrumée et savourons avant de nous lancer dans une mission un peu moins amusante : trouver un hôtel pour la fin du séjour.
Après avoir essuyé quelques échecs, nous finissons par trouver notre bonheur : une chambre avec salle de bain privée, douche chaude et petit déjeuner, pour 20 dollars, parfait ! Nous faisons également la connaissance de Cécile et Marie, deux françaises en vacances et de Delphine et Fred, français également et fraîchement débarqués. Nous décidons de partager un bateau pour le lendemain afin de nous balader sur le lac. L’hôtel possède sa propre embarcation ce qui nous évite d’aller négocier vers le grand canal.
Après cela nous reprenons les vélos pour partir admirer le coucher du soleil au bord de l’eau. Notre idée première est de rejoindre le lac mais nous empruntons une route trop proche du canal qui s’achève avant l’embouchure, dans des champs. Le lieu est malgré tout magnifique, bien que des villageois essayent de nous vendre leur tour en bateau, et nous profitons du moment pleinement.
Nous nous réveillons matinalement jeudi et retrouvons nos amis français pour partir en expédition sur le lac. Notre boatman, Jo, nous explique qu’il ira plus lentement que les autres bateaux de touristes, afin que nous ayons le temps de profiter des lieux, et nous apprécions. En effet, quand toutes les embarcations foncent, nous flânons. Quand elle se ruent toutes en masse sur la droite, nous partons à gauche, loin de l’agitation.
Bien entendu, certaines haltes sont très formatées, nous présentant des fabriques de bijoux, de vêtements ou de cheroots (petits cigares anisés), dans le but que nous achetions mais cela est largement compensé par la beauté des paysages. Les pêcheurs et leurs gros paniers, pagayant avec une seule jambe, les maisons sur pilotis, les jardins flottants… Par moment nous passons dans de véritables villages sur l’eau ! Le dépaysement est total…
Nous poussons jusqu’à Inthein où nous gravissons une petite colline au milieu de temples en ruine, c’est très beau. Le canal que nous empruntons a des allures d’Amazone et on a l’impression que des crocodiles vont surgir de l’eau. Mais il n’y a que des buffles, barbotant tranquillement. On en ferait bien autant! Puis c’est l’heure du retour, sous le soleil couchant et nous restons tous songeurs et enchantés par cette journée intensive de découverte et de flânerie. Au final notre expédition aura duré 9h30 !
Cécile et Marie nous laissent ensuite pour prendre un bus de nuit et nous terminons la soirée dans un excellent restaurant à déguster poisson grillé et autres délices avec Delphine et Fred. En somme, une excellente journée !
Nous quitterons Inle samedi soir afin de rejoindre Rangoon. Lundi nous retrouverons la frénésie et la fournaise de Bangkok avant de nous rendre au Laos. Mais avant tout cela, de bons moments nous attendent encore ici et nous sommes ravis de pouvoir prendre notre temps pour visiter cette belle région. A très bientôt!
4 Responses
Magnifique récit et photos superbes. C'est toujours un régal de vous
lire et de partager avec vous tous ces moments. Egalement une bon-
ne pensée pour le grand-père de Nicolas. Je vous embrasse. BRUNA
Un pays qui semble vraiment envoutant. On a l'impression de replonger dans nos vieux livres de géo. Le récit combiné aux photos est toujours aussi hypnotique. Si vous y retourné un jour avec vos enfants, on veut bien venir pour s'occuper d'eux 🙂
On vous embrasse !
Merci de votre reportage, depuis lontemps, je reve d'y aller… Meme si c'est pas tres loin de Vietnam…
Un pays magnifique, naturelle, j'aime faire un voyage à ce beau pays