Alors que nous venons enfin de trouver nos déménageurs ainsi que les futurs locataires de notre maison, je contemple mon salon songeuse.
C’est quand même une histoire de fous ce départ en Italie ! Depuis notre retour de voyage au long cours, en juin 2013, nous n’avons eu de cesse de guetter les opportunités d’expatriation qui pouvaient s’offrir à nous. C’est qu’il en fallait des conditions ! Nous ne voulions pas partir n’importe comment, il nous fallait de la sécurité. L’idée d’un contrat local où l’on gagne 10 fois moins qu’avant nous refroidissait un peu (nous visions beaucoup l’Asie du sud est, bien évidemment ça n’aurait pas été pareil dans des pays plus développés). De telles conditions auraient impliqué un départ sans retour…
Et puis Elliot est arrivé. Oh ! Partir avec un enfant en bas âge, pourquoi pas, c’est jouable ! Et au fur et à mesure, avec Elliot, l’envie de se poser, de vivre dans un lieu plus grand… d’avoir de l’espace…
En septembre 2015, coup de coeur pour notre maison, on achète ! Je revois Nico me dire dans la voiture : « on est bien d’accord, tu es consciente que si on achète cette maison, on met de côté nos projets d’expatriation… » Et moi de lui répondre : « oui, de toute façon on n’en a pas vraiment, on ne va pas courir après une chimère ».
Et c’est alors qu’à peine installés depuis février 2016, Nicolas rentre un soir de juillet et me dit : « ça te dirait de retourner à tes racines ? En Italie ? Ma boîte me propose un poste vers Milan ». Choc. Première réaction, les larmes aux yeux : « mais je viens de terminer la peinture de la cuisine ce matin ». Risible avec le recul, mais symptomatique de l’état d’esprit dans lequel nous étions alors.
Assis le soir dans le canapé, tout tournait dans notre tête. Le doute bien sûr, de tout lâcher, de mettre entre parenthèses tous nos projets pour la maison et l’excitation en même temps d’une aventure qui nous a toujours fait fantasmer. Sans compter l’intérêt professionnel pour Nico. La maison, après tout ce ne sont que des murs, ils seront toujours là à notre retour ! Ok ? Ok, dis oui !
Une semaine plus tard, deux petites barres sur un bout de plastique venaient concrétiser un autre rêve… celui d’un deuxième enfant ! Quel mois de juillet !
Au début, nous devions déménager en septembre ou octobre 2016, puis les tractations entre France et Italie ont pris du temps et repoussé le départ à janvier 2017. Oui mais voilà ! Ma grossesse était compliquée, pathologique et il semblait peu indiqué de partir dans ces conditions, dans un pays dont nous ne maîtrisions pas la langue !
Et voilà comment nous nous sommes retrouvés dans cette situation de « relation à distance » depuis maintenant 6 mois. J’aurai l’occasion de revenir sur ce semestre absolument délirant où nous nous sommes dépassés l’un comme l’autre et par la même occasion où nous nous sommes encore plus aimés.
Mais à quasiment 2 semaines de notre départ je suis juste ébahie. Cette expatriation sans cesse repoussée à fini par donner un goût d’irréel à cette aventure. Pour moi particulièrement puisque Nicolas, lui, vit déjà la moitié du temps en Italie. Je regarde la maison, les jouets des enfants, nos livres, nos bibelots… tout est bien en place… la maison ne se doute pas que dans vingts jours nous ne serons plus là…
Je n’en reviens pas de la chance inouïe que nous avons que ce rêve puisse exister, que nos rêves en fait, co-existent. Celui d’une maison joyeuse où nous pouvons accueillir la famille, les copains, faire des fêtes improbables, un méchoui dans le jardin, et l’autre complètement fou d’une vie d’expats où chaque jour apportera son lot de découvertes et de déconvenues.
Oui, c’est un mélange de gratitude et de mélancolie qui m’habitent ces jours-ci. Ce départ paraissait si loin, le voilà déjà tout proche. Je quitte la maison avec un pincement mais je pars aussi avec excitation et finalement je m’interroge : au sein de ce paradoxe ne réside-t-il pas tout le piment de la vie ?