Les Globe Croqueurs

La parenthese inattendue, le plateau des Bolovens

Nous avons effectué une boucle de cinq jours à travers le Sud du Laos, autour du plateau des Bolovens. Cette région est réputée pour ses cascades et le mysticisme du peuple Loven qui a notamment des rites assez particuliers autour de la mort, en gardant des cercueils prêts à l’emploi sous leurs maisons.

Si nous avons adoré cette boucle pour les rencontres que nous y avons faites, on ne vous cachera pas qu’en terme de paysages on l’a trouvée bien moins impressionnante que le centre du Laos ou le Mae Hong Son (Thaïlande).

Il est possible de faire une petite boucle et une grande. Si c’était a refaire nous choisirions la petite et c’est ce que nous recomenderions aux gens qui voudraient se lancer dans l’aventure.

Nous conseillons aussi d’aller chez Miss Noy Motorbike, dans la rue principale de Pakse. C’est un couple mixte et le conjoint, un belge, donne de très bons conseils, de bonnes infos et est super sympa.

Jour 1 : de Pakse au kilomètre 46

Nous enfourchons notre moto sous une chaleur écrasante (il n’est même pas 10h) et partons à l’assaut de ces nouvelles contrées.

Assez rapidement l’ambiance change et on se rend vraiment compte que cette partie du pays est la plus pauvre. La terre est sèche, les maisons simples et les visages des gens marqués. Les adultes ont l’air balafrés, les enfants sont crasseux.

Nous faisons une première halte autour d’une jolie cascade. La quiétude du lieu et les cars de touristes thaïs contrastent avec l’aridité et la rudesse de ce que nous observons au bord de la route.

Nous restons là un moment et alors que nous allons reprendre la route nous croisons Michele. Il s’est en effet lancé dans la même boucle que nous mais est censé la réaliser en quatre jours. Nous sommes à peu près sûrs que nous allons nous recroiser un peu plus tard puisque nous avons la même carte avec les mêmes conseils inscrits dessus.

La torrefaction

Nous le laissons et gagnons un peu plus loin « Katu », une plantation de café que l’on peut visiter. On peut aussi juste en boire une tasse ou rester le soir dans la famille qui fait du homestay (nuit chez l’habitant).

Nous arrivons là-bas vers midi avec plutôt l’idée de déjeuner mais le lieu ne propose pas de restauration. Nous demandons si nous pouvons visiter la plantation. Il y a un peu de monde. M. Vieng, le patron nous propose de nous installer en attendant qu’il finisse les commandes en cours. Après nous pourrons visiter.

Après un moment, nous apprenons qu’il est finalement impossible de la visiter car Mr Vieng a trop de travail. L’odeur du café nous fait succomber à la tentation, nous en commandons un chacun.

Alors que nous le dégustons avec délectation, une fille s’assoit à notre table. Assez rapidement nous entamons la conversation et le courant passe bien. C’est ainsi que Katie, une New Yorkaise venue enseigner l’anglais en Asie deux ans auparavant, entre dans notre aventure.

Il ne reste plus que nous trois quand Michele arrive à son tour. Nous papotons et alors que nous songeons à partir, Mr Vieng nous dit que nous pouvons finalement visiter la plantation quand nous le souhaitons.

Nous décidons de déjeuner un peu plus loin (peut être un des repas les plus dégueu qu’on ait eu depuis le début du voyage d’ailleurs) et le temps file.

Quand nous regagnons la plantation il est déjà 16h. La visite s’avère très intéressante. Nous visitons aussi le village et pouvons voir les fameux cercueils (ce sera finalement la seule fois d’ailleurs). Il sont en ciment car le bois coûte une fortune.

Nous nous enfonçons ensuite dans les caféïers. Alors que nous observons un panier plein de fourmis volantes (dont ils récupèrent les œufs pour aller dans la soupe, miam!), Nico se sent l’âme d’un héros et décide d’en manger une, vivante. Il accomplit ainsi un des défis concernant les insectes. Nous avons une vidéo qu’on essayera de publier quand internet sera meilleur et que notre tablette sera réparée. 

Le soleil se couche et l’ambiance entre nous quatre est vraiment bonne. Nous décidons de dormir au homestay. La soirée finit tard et dans la joie. Mais alors qu’on va se coucher, Nico se sent très mal. Il n’arrête pas de me dire qu’il a l’impression d’avoir un poison dans les veines. Il passe une nuit difficile et après coup nous nous demandons si ce n’est pas à cause de la fourmi. Mr Vieng nous avait dit qu’il ne pouvait pas en manger beaucoup sinon il se sentait mal, peut être que ça vient de ça… [EDIT : en fait, c’était les prémices de son infection urinaire…]

Jour 2 : Tad Lo

Le lendemain nous prenons notre temps. Ce séjour se fait vraiment selon le « Lao Time » et je vous le rappelle, au Laos on n’est vraiment pas pressé, oh non!!!

Nous gagnons Tad Lo, à une trentaine de kilomètres plus loin sous un ciel menaçant. L’ambiance est électrique, on sentirait presque la présence de ces fameux esprits. Nous déjeunons avec vue sur une belle cascade. La nourriture quant à elle est toujours aussi moyenne.

Après avoir trouvé un lieu où dormir, nous partons observer Tad Lo, la cascade qui a donné son nom au village. Arrivés sur place, on peut de baigner. Si Michele se lance nous nous contentons de tremper nos pieds. Les éléphants viennent prendre un bain mais on voit qu’ils ne sont pas bien traités. Leur bain dure moins de 10 minutes et ils ne rentrent pas totalement dans l’eau. Qui plus est, ils ont des nacelles. Nous sommes attristés par ce spectacle. Rien à voir avec ce que nous avons eu la chance d’observer en Thaïlande

Nous restons ensuite pas loin de deux heures à discuter, échanger sur le voyage, la culture de nos pays, etc. C’est étrange car Nico et moi, nous sentons de plus en plus un changement s’opérer en nous et on se demande comment tout cela va s’accorder avec notre retour en France.

La soirée s’achève autour d’un poisson trop grillé mais qui est toujours meilleur que la viande. Cette absence de nourriture « potable » commence à tous nous peser.

Jour 3 : Tad Lo (encore !)

Une jolie surprise nous attend au réveil : la pluie ! Pour nous ce n’est pas vraiment un problème car nous avions prévu de visiter le coin sans reprendre la route mais pour Katie et Michele c’est plus ennuyeux. Comme ça ne s’arrête toujours pas à 10h, nous optons pour une sieste matinale et nous retrouvons au déjeuner.

Il fait encore gris à midi. Nous mangeons (un truc horrible comme d’habitude depuis quelque jours) et leur apprenons à jouer au Time’s up en créant nous même des cartes. On passe un excellent moment, plein de fous rires et c’est dans la bonne humeur et sous un soleil qui fait son retour que nous partons nous promener, afin de visiter une autre cascade. Nous savons qu’elle n’a pas beaucoup d’eau mais le belge chez Miss Noi nous a dit qu’elle valait le coup, pour la vue.

Alors que nous passons vers un village, les enfants nous font signe de nous garer. Il y a des panneaux pour accéder à la cascade. On trouve ça un peu bizarre et on est persuadés que la route continue mais nous décidons de les suivre

L’ambiance est étrange. Plusieurs enfants nous suivent et ils agissent comme des mini adultes. On sent que le contact n’est pas sain, qu’ils nous voient comme un gros porte monnaie. Au bout d’un moment on réalise que l’on passe par le lit de la rivière, au pied de la cascade et qu’il va falloir pratiquement escalader pour atteindre le sommet. Nous arrêtons, certains que nous pourrons le gagner par la route. Immédiatement, les enfants nous demandent de l’argent.

En revenant au village pour reprendre nos scooters, des enfants vraiment jeunes (peut être 4/5 ans) viennent nous voir et nous disent « hello money » en tendant la main. Je sais que c’est une réalité de tous les pays pauvres, que les gens n’ont pas d’argent et qu’ils tentent leur chance mais cette culture de la mendicité chez les enfants, je ne m’y fais pas ! C’est si malsain. J’en profite pour faire une parenthèse et pour dire à tous ceux qui voyagent ou compte voyager dans ces pays : s’il vous plaît ne donnez pas n’importe quoi (bonbons, stylos etc) à des enfants que vous ne faites que croiser. Ça les conforte dans cette mendicité. Mieux vaut offrir quelque chose à ceux avec qui vous passerez vraiment du temps ou payer un repas à la famille qui vois ouvrira ses portes.

Nous reprenons ensuite une route magnifique et arrivons au sommet de la cascade. Il n’y a que nous, l’ambiance est paisible et avec l’atmosphère de la fin de journée, c’est parfait.

Le soir, nous trouvons un restaurant bien meilleur et passons une excellente soirée entre rigolade, confessions et… Time’s up !

Jour 4 : De Tad Lo à Sekong

En ce quatrième jour, nos chemins se séparent. Katie, qui effectue la petite boucle, rentre à Pakse alors que nous poursuivons notre chemin avec Michele. Mais ce n’est qu’un au revoir. Elle part dans les 4000 îles, où nous la retrouverons quelques jours après.

Nous avons été prévenus, il y a une très très mauvaise piste sur 25/30 km sur la grande boucle, pleine de sable, de bosses etc. On nous a dit d’y être à une heure de l’après-midi maximum. La route peut prendre du temps. Après cette mauvaise piste il y a une guest house mais si elle est complète il faut pousser jusqu’à Paksong, à presque 50km de là. Mieux vaut donc être large par rapport au coucher du soleil.

Seulement voilà, à peine une heure après que nous ayons laissés Katie, le pneu de Michele crève. Il est 11h, la chaleur est… Insoutenable. Nous l’attendons pendant qu’il rejoint le village le plus proche. Heureusement, il tombe sur quelqu’un de pro et une heure après on reprend la route.

Nous arrivons au fameux croisement où la mauvaise piste commence et devons prendre de l’essence. Les cuves sont vides et nous apprenons qu’il faut retourner à Sekong, soit 30 km en arrière, pour s’approvisionner. Il est déjà 14h, il va falloir une heure pour faire l’aller retour, ça nous semble périlleux.

Nous décidons de dormir à Sekong et de se lancer le lendemain. Nous déjeunons près d’une cascade (encore) et le ciel se couvre assez rapidement. Nous réalisons que nous sommes mi-mars et que c’est le début de la saison des pluies. Nous raisonnions encore comme si nous étions en janvier. D’un côté il est temps que la mousson commence car la chaleur et la sécheresse sont extrêmes !

Nous nous lançons sur la route et l’ambiance est incroyable. Je comprends pourquoi les gens qui vivent ici croient aux esprits. Le ciel semble puissant. Du sol sableux se forment des sortes de mini tornades. Un peu plus loin on voit des rideaux de pluie qui bougent de manière inquiétante avec le vent. Nous sommes par moment pris dans des rafales et la moto tremble, devient instable. La pluie commence à nous tomber dessus avec vigueur et nous sommes trempés. Bientôt on ne voit presque plus rien. C’est dégoulinants et épuisés que nous arrivons dans un hôtel plutôt sympa.

Nous apprécions une bonne douche chaude, le wifi et le bon resto.

Jour 5 : de Sekong à Pakse

La nuit n’a pas été très bonne. De mon côté j’ai mal à la gorge, Nico est fatigué et Michele quant à lui est malade du ventre depuis la veille au soir. Qu’importe on veut rentrer! Nous nous lançons donc sur la mauvaise piste. On nous avait dit qu’il fallait compter 3 heures pour les 25 km, ça nous aura pris 2h. Mais c’est fatigant. La piste change sans cesse et il faut jouer avec le sable, les bosses, les montées où l’on s’embourbe, les descentes où l’on rebondit tellement qu’on a l’impression de tomber. Le paysage est beau mais on ne croise qu’un village.

C’est avec soulagement et fatigue que nous atteignons le restaurant de la cascade, au terme de cette mauvaise piste. Après mangé nous marchons pour découvrir la chute et le chemin pour l’atteindre tient plus du trek que de la promenade de santé. Cependant la marche vaut le coup car la cascade est très belle.

La route qui mène à Paksong est assez cahotique et l’ambiance est très différente. Nous sommes sur le plateau des Bolovens, il fait froid ce qui est incroyable quand on sait la chaleur qu’il fait 200 mètres plus bas. Il y a une sorte de grisaille grisante. Nous recevons quelques gouttes mais rien de grave et quand nous atteignons la dernière cascade que nous voulons visiter, le soleil est revenu.

En regagnant Pakse, la fournaise et l’agitation nous rattrapent…

Voilà donc le récit de notre boucle à moto qui nous aura permis de découvrir des lieux et des choses intéressantes mais qui aura surtout été chouette pour l’ambiance « bande de pote » à la campagne. On avait un peu l’impression d’être dans l’émission de Frédéric Lopez : la parenthèse inattendue.

Nous sommes maintenant dans le bus qui nous mène aux 4000 îles. On a opté pour la version touriste, on n’a pas envie de repasser la journée dans le bus ! Mais même là c’est épique et une femme se retrouve sur un tabouret au milieu de l’allée : normal.

A très vite pour la suite de nos aventures ! (On voulait mettre plus de photos mais on rencontre quelques problèmes techniques, desolés !)

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2 Responses

  1. Merci de nous faire partager cette grande traversée de votre voyage.
    Très beau récit de vos aventures qui nous tient en haleine par les
    difficultés rencontrées. Mais apparemment tout finit pour le mieux.
    Les photos sont superbes. Je vous souhaite une bonne continuation
    et un peu plus de fraîcheur. Gros bisous. BRUNA

  2. Super!!trop belles photos!!!quel est ce changement dont vous parlez???forcément je pense qu un tel voyage ne peut que vous donner envie de tout modifier à votre retour ou en tout cas de plus d ouverture et moins de routine!!je me souviens même si ce n est pas comparable de notre voyage de noces aux maldives (le seul de notre vie d ailleurs malheureusement!!:-))à notre retour on avait vraiment du mal et d ailleurs oliv a changé de boulot à là suite!! Mais non c est que du bonheur à venir!!et puis vous n en êtes pas encore là alors profitez à fond prenez que lemeilleur et à très bientôt sur le blog ou facebook!même si je ne vous écris pas très souvent je pense très fort à vous!!gros bisous flo et oliv

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