Par moments, au cours de ce voyage on se dit que notre cerveau enregistre un nombre d’images à la seconde absolument vertigineux. Le centre du Laos où nous avons passé quelques jours est typiquement le genre de lieu qui suscite de telles réflexions.
Le centre se mérite et pour l’atteindre nous avons enchaîné un van depuis Vang Vieng jusqu’à Vientiane puis un bus local de chez local avec un sol biscornu, pas de clim et 2 pannes pour arriver au bout de 6 heures à une intersection au milieu de nulle part depuis laquelle un pick up nous a mené à Nahin, minuscule bourgade au milieu des pics karstiques.
À peine arrivés, un homme nous accoste. Il parle bien français et tient des bungalows. On les visite mais ils sont vraiment petits et après notre long trajet on aspire à un peu plus de confort. Il ne s’en formalise pas et nous dit qu’il loue aussi des scooters. On le trouve très gentil et on lui promet de revenir le lendemain.
Le village est constitué d’une seule rue et d’un petit marché. Nous trouvons une guest house vraiment pas top (heureusement nous serons plus chanceux le jour suivant) et finissons au resto du coin où il y a plus de personnel que de clients et où tout les employés s’amusent tranquillement en faisant un karaoke.
Au réveil on découvre le paysage qui nous entoure et on pressent que l’on va se plaire ici! On passe prendre le scooter après avoir changé de guest house. Contrairement à la Thaïlande ici les scooters sont des semi-automatique. Ça demande une petite adaptation mais après c’est quand même beaucoup mieux! Et nous voilà repartis à la découverte de nouvelles contrées.
Nous avons entendu parler d’une cascade et nous nous mettons en tête de la trouver. Après des recherches infructueuses à travers la jungle, nous renonçons. L’aventure était quand même amusante !
Nous reprenons la route en direction de Lak Sao. Le paysage est superbe, alternant entre petits villages, montagnes et rivière. Nous faisons halte dans un village où une femme tisse de manière très artisanale. Ce village est aussi connu dans la région pour avoir transformé des réservoirs d’essence largués par les avions américains pendant la guerre du Vietnam, en bateaux en forme de missile. On ne s’y attendait pas mais ça procure vraiment une émotion particulière.
En continuant notre route nous prenons des chemins de traverse et nous retrouvons au cœur de champs desséchés, de vaches et de montagnes. Il faut savoir que la vache est au Laos ce que le chien est à la Thaïlande c’est à dire qu’il y en a de partout! Au bord des routes, dans la ville etc. Il règne en tout cas un silence impressionnant, on n’entend même pas le bruit d’une route au loin.
Sur le trajet du retour nous croisons des enfants, des villageois qui nous inondent de sourires et de grands signes.
Nous terminons par un magnifique point de vue au dessus des pics à l’heure du couchant, il y a une telle sérénité en ces lieux. Dur à croire qu’il n’y a encore pas si longtemps ils étaient le théâtre de multiples combats.
En retournant au restaurant le soir, les employés font encore un karaoke, on en déduit que c’est leur occupation quotidienne. Ah oui ! On vous a dit qu’ils chantent atrocement faux?
Le lendemain, nous reprenons un scooter pour nous rendre à la grotte de Tham Kong Lo, la grande attraction de la région. En empruntant notre scooter nous tombons sur un couple de français en fin de tour du monde. Ils vont au même endroit que nous et nous les re-croiserons plusieurs fois dans la journée. Ils nous donnent des conseils intéressants pour l’Indonésie sur lesquels nous allons méditer.
Nous parcourons ensuite les 50km qui nous séparent de la grotte et arrivons à destination. Le site est très beau, un grand pic karstique domine l’eau de la rivière d’une extrême clarté. Il y a un peu de monde mais plutôt des locaux.
Tham Kong Lo n’est pas une grotte comme les autres. En effet, il s’agit d’un tunnel de 7km creusé au cœur de la montagne par une rivière. Pour la visiter, il faut prendre un bateau.
L’expérience est très grisante! On part avec les frontales, un homme a l’avant de la pirogue, un autre à l’arrière qui conduit. Et nous voilà sur l’eau, dans le noir. On se dit que le pilote a intérêt à connaître cette grotte par cœur si on ne veut pas s’écraser contre une paroi.
Par moments, en raison de la saison sèche, il n’y a pas assez de fond et nous devons sortir du bateau pour qu’il puisse passer, à contre-courant, sur les mini rapides.
Nous faisons halte dans la grotte dans une « salle » où se trouvent de nombreuses formations rocheuses. C’est magnifique. On ne cache pas une certaine fierté car nous avons appris que la mise en lumière avait été faite par la région Rhône-alpes et on doit dire que ça nous faisait un peu penser aux beaux éclairages des bâtiments lyonnais.
Une fois la grotte traversée, on se retrouve dehors et on arrive sur une petite aire où l’on peut se restaurer. Le cadre est magnifique. Puis c’est l’heure du retour et on parcourt le trajet en sens inverse, avec moins de difficultés vu que l’on suit le courant.
Nous reprenons ensuite la route et suivons, au fil de notre instinct, un petit chemin à travers des champs très secs qui laissent bientôt place à des plantations beaucoup plus vertes. Nous atterrissons dans un village et nous demandons quelques instants si quelqu’un d’autre à part les vaches et les chèvres y vit. En poursuivant nous découvrons presque tout le village entrain d’épingler des feuilles d’on ne sait pas trop quoi. Tout le monde rit en nous voyant et il nous semble qu’on a l’air plus étrange pour eux qu’ils ne le sont pour nous.
Les enfants nous suivent de loin et nous partons avec cette escorte et quelques poules jusqu’à disparaître dans les champs. La route est assez folklorique. Par moments, il faut ouvrir des portails en bambou pour traverser des plantations. Nous regagnons ensuite la grande route et quelques mètres plus loin, une femme lève sa bière en nous voyant passer. Nico s’arrête et me dit : « elle est sérieuse elle veut nous payer une bière?! »
On fait demi tour et nous voilà invités par une famille, installée devant son épicerie, avec la musique à fond, des caisses de Beerlao et un micro (pour le karaoke bien sur!)
Ils nous donnent des chaises, nous servent à boire, dansent. On leur propose des cigarettes et des bonbons. La plus âgée a l’air complètement stone et fume ça comme s’il s’agissait d’autre chose. On danse avec eux. À un moment on lance une danse de l’épaule et la vieille dame nous suit. Tout le monde se marre. En fait, tout le monde a l’air un peu stone. Une petite fille fait du karaoke et on les sent heureux de partager ce moment avec nous. On ne peut pas vraiment communiquer mais on rigole en dansant.
Nous partons en les remerciant chaleureusement. En arrivant à Nahin, on entend encore de la musique et on voit des femmes danser. On interroge le fils de notre loueur de scooter. Il nous explique que c’est pour la journée de la femme et nous apprend aussi qu’il y a une fête le soir sur la route principale. Pendant ce temps, des camions passent avec la musique a fond et des filles qui dansent en buvant de la Beerlao.
Le soir, nous partons à la dite fête. Des dizaines de tables sont installées avec de la nourriture, des bières et de l’eau (plus de bière que d’eau…). Il y a aussi de la musique beaucoup trop forte, comme d’habitude en fait! Nous sommes les seuls occidentaux et tombons sur le loueur. Nous apprendrons un peu plus tard qu’il s’appelle Thon Kun. Il nous invite à nous assoir et à manger en nous expliquant qu’il s’agit d’une fête pour célébrer la nouvelle route du village, achevée il y a quelques semaines. La compagnie organise une soirée.
Pour une fois, nous sommes au cœur de la fête et comprenons pourquoi elle a lieu. Thon Kun dine avec nous et c’est aussi l’occasion de parler (du moins d’essayer vu le bruit d’enfer que fait la sono). Il nous raconte sa vie, la pauvreté du Laos, la difficulté de vivre pendant les différentes guerres qui se sont succédées. Il nous explique que Nahin a été construite récemment en rasant de la forêt, que le barrage non loin de là a contraint des villages entiers à se reloger.
De temps à autres des habitants viennent nous voir, nous disent bonjour. Le chef du village s’installe un moment. Il parle en lao àThon Kun qui nous fait la traduction. Il nous fait part de sa joie qu’il y ait des touristes car le pays est très pauvre et nous remercie de visiter la région.
Puis c’est l’ouverture du bal. On découvre les danses traditionnelles. En somme on bouge comme on veut mais face a face et en tournant en rond! Nous nous joignons aux villageois et ça suscite beaucoup d’enthousiasme. Thon Kun m’invite à danser puis une autre personne qui s’est installée à notre table et des gens me remercient à la fin des danses. Comme si c’était moi qui leur faisait un honneur alors que je me sens si touchée qu’ils nous acceptent si facilement. Nico se retrouve bientôt obligé de devoir réaffirmer sa place de « mâle » car un certain nombre de villageois bien éméchés me tournent autour, veulent danser, me parlent sans que je ne comprenne rien. Ça nous fait bien rire! Et définitivement on constate que les laotiens n’y vont pas doucement sur la boisson!
Nous quittons ensuite la soirée et rentrons préparer nos sacs. Une très longue journée nous attend le lendemain pour rejoindre Pakse.
En effet, le trajet aura été folklorique : 16 heures dans un bus local (même deux puiqu’on a dû changer en cours de route) pour parcourir à peine 400 km ! Heureusement, on a pu partager cette aventure avec d’autres voyageurs. On se serait cru en colo en arrivant à Pakse aux alentours de minuit. La ville était déjà bien endormie et pratiquement toutes les GuestHouses étaient fermées. On a finalement trouvé une chambre que l’on a partagée avec Michele, un Italien rencontré dans le bus.
Nous allons à présent repartir pour un petit road trip à moto de quelques jours dans le plateau des Bolovens. On vous raconte ça très bientôt!
3 Responses
Toujours aussi intéressant ! Profitez, profitez encore….. Bisous
Une grande échappée en lisant ces deux derniers blogs. Le voyage en montgolfière est magnifique
et impressionnant. Des beaux paysages et les habitants semblent heureux malgré une vie difficile.
Bonne continuation et à bientôt pour d'autres aventures. Bisous BRUNA
Content d'avoir de vos nouvelles, ca finissait par manquer ! Les photos sont toujours aussi belles, la photo beau gosse avec le couchant rend pas trop mal 😉
Bises a tous les deux