Les Globe Croqueurs

Un scooter, deux sacs à dos, les montagnes et nous : le Mae Hong Son loop

Que d’aventures ces derniers jours ! Nous sommes partis à travers les montagnes du Nord de la Thaïlande pendant cinq jours, armés de notre scooter, de deux sacs à dos remplis de l’essentiel (l’essentiel inclue des mots fléchés), et d’une bonne carte de la région. Voilà donc comment a débuté l’aventure du Mae Hong Son Loop !

Si vous voulez retrouver tous nos conseils pratiques, rendez-vous sur l’article dédié : Mae Hong Son Loop : conseils pour préparer son road trip.

Tout d’abord, laissez-nous vous décrire notre Mae Hong Son Loop en quelques chiffres :
– 5 jours sur la route
– 2 roues
– Quelques 1300 virages
– Plus de 9000 mètres de dénivelées cumulées
– 625 km parcourus
– Au moins 500 nids de poules évités
– Mais quand même bien 50 non évités (nos fesses s’en souviennent…)
– 15 cols franchis et autant de points de vus incroyables…
– 500 photos
– 2 surchauffes des freins
– 1 suspension sautillante…
– 3 super gueuletons
– 6500 Baths dépensés en tout et pour tout (environ 165 €)
– 2 jeunes gens épanouis

Jour 1 : De Chiang Mai à Pai, 127 km

Tout enthousiasmés, nous partons à l’aventure ! Il faut d’abord parcourir une trentaine de kilomètres sur une voie express bruyante et pas très excitante, mais ensuite, on part en direction de la montagne, sur la route 1095,  qui est ici aussi importante que la route 66 pour les américains et le vrai périple commence.

Assez rapidement, les virages apparaissent, on monte et on descend à travers la forêt. Les belles montagnes se dessinent peu à peu et l’air se rafraîchit. Sur le chemin, nous échangeons brièvement avec un homme de Singapour qui réalise la boucle en trois jours et qui est un peu effrayé par sa moto. C’est comme si le fait d’être sur la route facilitait le contact. On a l’impression d’être dans Easy Rider même si on fait parfois du 20 kilomètres/heure dans les montées, sur notre petit scoot, à deux.

Si le trajet est agréable ce n’est pas la portion que nous avons trouvée la plus exceptionnelle, mais l’arrivée à Pai nous a enchantés ! Des montagnes, du soleil et le bungalow que nous avions loué était un vrai nid douillet. Le lieu était en plus tenu par Nok, un hippie avec les cheveux jusqu’aux fesses qui écoutait du Clapton tranquille sur sa terrasse en grattant sa guitare et en fumant sa cigarette (ou était-ce autre chose ?)

La soirée s’est terminée en beauté par un excellent resto que nous avons choisi sur un seul critère : il était rempli de Thaïlandais. Nous avons pu goûter aux spécialités du Nord et on sent que la grande cuisine Thaï vient d’ici ! Un régal !


Jour 2 : De Pai à Mae Hong Son (En passant par Soppong et Mae Lana), 125 km

Nous nous sommes levés de bonne heure pour reprendre la route, ce qui nous a rempli de fierté au moins pour les deux jours suivants. Il faisait très humide et les nuages étaient bas, c’était magnifique, mais frisquet !!!

Après une petite pause gourmande à Soppong, où nous avons même pu manger un cupcake au chocolat, nous avons décidé de faire un détour par Mae Lana, village shan, réputé notamment pour ses grottes.

Pour accéder à Mae Lana, il faut passer par des routes en très mauvais état et plutôt pentues ! Nous arrivons d’abord à Jobo, un village de Lisuh noirs (la couleur des vêtements marque la différence à l’intérieur des divers groupes ethniques, par exemple, lisuh rouges, karen blancs etc.). L’ambiance est vraiment particulière, pas un bruit, quelques maisons, des chiens et des enfants dans une atmosphère de bout du monde, au milieu des montagnes. Nous faisons le tour à pied, les enfants nous regardent avec curiosité et de grands sourires, tout comme certains habitants, mais personne ne nous parle ou ne cherche à entrer en contact.

Nous poursuivons notre route jusqu’à Mae Lana et décidons de nous arrêter au Maelana Garden Home. Lorsque nous arrivons, il n’y a qu’une jeune fille qui ne parle pas anglais. Nous apprendrons un peu plus tard que c’est une shan d’origine birmane. Nous lui faisons des signes pour lui faire comprendre que nous voulons manger. Elle appelle sa patronne et donne le téléphone à Nicolas. Il peut passer la commande et nous nous installons. Le lieu propose un repas typiquement shan. Peu de temps après, la patronne débarque, une femme locace mais un peu rustre. Le repas arrive, on n’est pas lésés ! Du riz, des légumes revenus qui ont un goût exceptionnel, du poulet au comcombre et une soupe qui a un des meilleurs bouillons que j’ai jamais mangé ! Nous peinons à finir mais sommes ravis de l’expérience, d’autant que nous sommes seuls dans ces lieux, loin de tout.

Après avoir demandé conseil à la patronne, nous décidons d’aller visiter la grotte de corail. Il faut emprunter une route atroce pour se retrouver à un barrage. En effet, l’accès aux grottes n’est possible qu’avec un guide local et il faut payer 200 baths par personne (5 euros). Nous trouvons ça un peu cher (et après la visite nous le trouvons toujours) mais il n’y a pas le choix. Nous nous lançons donc à la suite du guide en scooter et empruntons les routes les plus pentues de tout le loop. Nous nous garons et là, Nicolas réalise que le frein avant du scoot ne marche plus. On regarde avec le guide, rien ne se passe. Nous décidons de reporter le problème à plus tard et partons visiter la grotte.

Il semble que nous soyons devenus des spécialistes des grottes en solo, puisque personne, hormis à un moment un groupe de québécoise, n’est présent à part nous et le guide. Le lieu est immense (1 km de long), il y a de nombreux fossiles de coraux, et parfois les chemins sont escarpés et il faut presque escalader. Nous apprécions la visite, bien que nous trouvions, je le répète, que le prix est un peu prohibitif (correspond au prix d’entrée habituel d’un parc national complet), mais bon, ils ont le pouvoir !!! En tout cas, c’est tout de même fascinant de voir ce que la nature et le temps peuvent faire…

De retour au « parking » (la seule zone plate sur la route en pente), Nico teste à nouveau le frein, il remarche. Nous sommes tout de même un peu perplexes ! Au barrage, plusieurs guides regardent avec nous et ils remarquent qu’il n’y a presque plus de liquide de frein. Ils  nous conseillent de retourner à Soppong, environ 15 kilomètres en arrière.


Nous repartons donc dans l’autre sens, un peu contrariés de perdre du temps pour ça et anxieux de savoir si ça va nous coûter quelque chose ou compromettre notre périple. Heureusement nous tombons sur un garagiste très sympa qui nous explique que les freins ont trop chauffé et qui recharge le liquide gratuitement. Nous revoilà dans la course et c’est peu de temps avant la nuit que nous atteignons Mae Hong Son, en admirant au passage les couleurs du soleil couchant depuis un village, entre maisons et rizières.

A Mae Hong Son, nous restons un peu bêtes car tout nous semble « mini ». Il y a un « mini » marché de nuit, ce qu’ils appellent le lac sur la carte ressemble plus à un petit étang, les temples, très beaux par ailleurs, sont bas et la ville toute entière est assez petite. Pour couronner le tout, le marché de nuit où l’on peut manger des spécialités du Nord ferme à 18h, si bien que nous terminons, un peu déroutés, dans un japonais pas mauvais. En rentrant dans notre chambre nous apercevons sur un mur le plus gros cafard que je n’ai jamais vu ! Mais ça se termine bien (enfin… pour nous) et l’on tombe de sommeil !

Jour 3 : Mae Hong Son- Tomato Village (Huay Makay Soam)- Mae Hong Son : 90 km

L’idée initiale était d’aller à Mae Aw, village à la frontière birmane situé à une cinquantaine de kilomètres au Nord de Mae Hong Son, puis d’avancer dans la boucle et de dormir à Khun Yuam, mais il en a été autrement.

La route qui mène à Mae Aw est fantastique et nous n’avons eu de cesse de pousser des grands « waou c’est beau ! » tout au long du chemin. Assez rapidement, nous longeons des rizières et apercevons des femmes qui y travaillent. Nous nous arrêtons, peut être pourrons-nous les assister un moment dans leur travail.

Nous nous approchons et deux des trois femmes qui travaillent ici se mettent à rire aux éclats. La troisième, plus âgée, nous regarde avec retenue et amusement. Impossible de nous faire comprendre, elles ne parlent pas un mot d’anglais. Cependant, elles nous montrent le travail qu’elles sont entrain d’accomplir, du désherbage des rizières. Nous tentons d’expliquer comment nous nous appelons et demandons à notre principale interlocutrice son nom mais elle ne comprend pas. Même en sortant le lonely et en prononçant tant bien que mal la question en thaï, ça ne marche pas. Mais ce n’est pas grave, nous rions, nous prenons des photos et toutes prennent la pause. Notre nouvelle amie donne ensuite son portable à Nicolas et lui demande de nous prendre en photos toutes les deux. Elle me montre ensuite des photos de ses chiens, ses chats, d’elle. Il semble être plus facile pour elle d’être en contact avec moi qu’avec Nicolas, sans doute parce que je suis une fille et qu’elle est très pudique.



Nous nous laissons avec des grands signes et reprenons notre route. Après Ban Pa Paek, nous suivons un petit chemin censé mener à un lac artificiel et décidons de nous arrêter sur la route, dans une maison où il est écrit Ten And Ben, trekking, food and drink. Nous sommes chaleureusement accueillis par Ten qui se présente d’emblée et nous demande ce que nous voulons manger. Il nous propose immédiatement du riz frit avec du porc et des oeufs, ça nous va  ! Nous prenons place sur sa terrasse, à une table très basse et admirons la vue sur le village, le bruit des enfants qui s’amusent et le spectacle des montagnes face à nous. A peine 5 kilomètres plus loin, c’est le Myanmar !

Ten nous sert du thé et prend une tasse également. Il commence à nous parler de sa vie et de celle de Ben, son beau-père, un homme à l’histoire extraordinaire. Fuyant l’oppression en Birmanie, il s’est retrouvé dans un camp de réfugiés côté birman et a enseigné le birman et l’anglais aux enfants contre un bol de riz et un coin où dormir. Puis il est passé côté thaïlandais en 1986 et s’est installé ici, où il organisait des treks. Il a obtenu la nationalité thaïlandaise l’an dernier alors qu’il l’attendait depuis 26 ans ! Ten nous explique que ceci est très courant et que la majorité des habitants du village sont ainsi dans l’attente, si bien qu’ils ont du mal à accéder aux services publics.

Ten et Ben ont un projet, enseigner gratuitement l’anglais aux enfants du village. Ils en sont aujourd’hui à leur troisième classe. Ils sont conscients que l’anglais est indispensable pour trouver un travail, à plus forte raison en Thaïlande où le tourisme est une grande source d’emploi.  Pour faire tourner leur école, ils louent des chambres chez eux et organise des treks. Ben connaît la région comme sa poche et parle tous les dialectes des tribues. Ils sont soutenus par une fondation, Child’s world, et reçoivent parfois des bénévoles, mais il leur faut un minimum de revenus et ils ne sont pas très visibles. Leur site est mal référencé, ils n’apparaissent dans aucun guide etc.

Ten a un millier de choses à dire. On sent chez lui une profonde admiration pour Ben, mais aussi l’envie de dialoguer, de raconter ce qui se passe ici. Nous apprenons que dans le village cohabitent cinq minorités différentes et que Ten est le seul Karen Blanc. Il nous parle aussi des horreurs qui ont été perpétrées par des soldats birmans, à quelques kilomètres de là, des gens à qui on a fait creuser leur tombe avant de les fusiller, des mutilations, le massacre des personnes âgées dans les camps de réfugiés… Ces histoires mettent encore plus mal à l’aise quand on regarde les montagnes devant nous si belles et pourtant théâtre de ces exactions si cruelles. Saisissant!


Quand nous lui demandons combien nous lui devons, avant de partir, il nous dit que nous pouvons donner ce que nous voulons, qu’il sait que ce n’est pas parce que nous sommes ici que nous sommes forcément riches. Il condamne également la politique du pays qui veut que certaines attractions soient plus chères pour les étrangers que pour les thaïlandais. En nous disant au revoir il nous répète que nous serons toujours les bienvenus chez lui. Nous lui promettons d’essayer de revenir et lui assurons que nous parlerons de lui. Voici donc le lien vers le site de Ten et Ben. On peut en savoir plus sur leur histoire, sur leur école et sur Tomato village (ils ont ainsi renommé le village pour que ce soit plus simple à prononcer). www.tenandbentrekking.com

Cette rencontre nous a énormément touchés et nous sommes ressortis assez bousculés.

Nous avons ensuite fait un saut au lac artificiel, fort agréable et avons repris la route, sans finalement passer par Mae Aw car il commençait à être tard. Après réflexion nous avons décidé de retourner à Mae Hong Son et cette fois-ci, tout était mieux. Meilleure auberge, beau coucher de soleil et surtout très bon resto de spécialité du nord, Baan Phleng, que nous recommandons chaudement.

Jour 4 : De Mae Hong Son à Mae Chaem: 165 km


Grosse journée de route assez fatigante mais heureusement riche en paysages exceptionnels ! Nous avons fait le plein de rizières, de montagnes et de virages, passant tantôt de cultures verdoyantes à ce que nous avons appelé des alpages arides. Il règnait une ambiance automnale et la petite soupe que nous avons mangée le midi a été la bienvenue ! Nous nous sommes retrouvés dans un minuscule village au sein d’une boutique qui faisait à manger, vendait toutes sortes de babioles et semblait être le repaire des agriculteurs du coin.

En fin de journée nous avons atteint Mae Chaem qui était extrêmement animée, et pour cause ! Nous y étions pour le festival annuel du tissage (la spécialité du coin). Du coup, gros marché, fête foraine, animations à gogo etc. Nous avons eu une chance phénoménale en tombant sur une chambre top, au pied d’une rizière. Elle était située dans une maison où aucune autre chambre n’avait été louée si bien que nous avons eu la maison pour nous tous seuls !

Le festival était magique ! Nous avons assisté à un spectacle donné par les habitants des environs. L’orchestre était totalement désaccordé, les chanteurs chantaient faux et les chorégraphies hésitantes étaient absurdes. Mais ça a avait le mérite de donner une superbe vie au lieu et d’amuser tout le monde. Nous avons vu beaucoup de gens de minorités et ça cassait un peu l’image des familles seules dans les montagnes. Elles étaient là, en scooter, avec leurs enfants et leurs tenues traditionnelles approximatives, c’était assez amusant.

En revenant, nous avons vu un orage spectaculaire sur les montagnes. Des centaines d’éclairs s’enchaînaient sans que jamais l’orage ne gronde. C’était stupéfiant ! Malheureusement, Nicolas n’a pas réussi à prendre de photo à son grand désespoir!

Jour 5 : Mae Chaem- Chiang Mai : 120 km

Nous avons été bien déçus en début de journée. Nous voulions aller au sommet du Doi Ithanon, la plus haute montagne du pays, mais comme beaucoup de choses ici, il fait parti d’un parc national et les étrangers doivent payer 200 baths par personne plus 20 baths pour la moto. Nous avons donc renoncé estimant que ça ne valait pas le coup (ce n’est pas le Mont Blanc non plus!). Il en a été de même pour une cascade.

Nous avons quand même pu admirer les montagnes et les rizières à nouveau avant de retrouver la fournaise et la jungle urbaine de Chiang Mai. Pour achever ce voyage en beauté, nous sommes repassés faire des emplettes à Ban Tawan et sommes rentrés à Chiang Mai comme de vrais asiatiques, avec les sacs dans les mains, à l’arrache ! C’était vraiment folklorique !

Comme vous pouvez le voir, le Mae Hong Son loop a achevé en beauté notre séjour Thaïlandais et a vraiment été le point d’orgue de notre voyage ! Nous tenons cependant à dire à ceux qui envisagerait de le faire que ce ne sont pas des routes faciles et qu’elle sont souvent très accidentées, il faut donc avoir confiance et maîtriser un minimum le scooter, même d’un point de vue mécanique.

Demain, nous partons pour la Birmanie, où d’autres aventures nous attendent. Nous ne savons pas comment seront les connexions et si nous pourrons mettre à jour le blog facilement.

A très vite !!!

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6 Responses

  1. Quel beau récit – itinéraires assez difficiles mais paysages magni-
    fiques, les rencontres sont très intéressantes, les habitants sou-
    riants malgré une vie de labeur sûrement pénible, les plats succu-
    lents. vos photos toujours aussi superbes – les sauts toujours faits
    avec tant d'aisance ; il y a un truc……… Enfin tout bien
    Merci encore pour ce formidable partage et bonne continuation.
    BRUNA

  2. Ouahhhhh….trop beau!!! ça à l'air super ce tour… et que de belles rencontres! Vous faites plaisir…Et bravo encore pour les articles en général… juste trop bien!
    Ahhh au fait, on part en tour du monde le 19 aout (yeahhh)…. et on part de Lyon 😉

  3. Un Easy Rider asiatique à 20 kms heure sur un scooter sans freins… Belle performance ! Et aussi belles rencontres et magnifiques paysages dont vous nous faites profiter, encore une fois, par votre récit et vos photos.
    Le fou-rire des femmes de la rizière à votre simple apparition, ça devait-être un brin déstabilisant (?)
    Bonne continuation.
    On vous embrasse

  4. Merci a vous 2 pour vos commentaires ça nous fait super plaisir a chaque fois! Génial si vous allez voir Ten et Ben normalement vous ne le regretterez pas! Pour votre départ je ne sais pas comment vous allez vous organiser mais d'ici la on devrait avoir retrouver un toit alors vous êtes les bienvenus chez nous! Si vous êtes trop justes (on comprendra on est passé par la!) on pourra aller boire un coup vous faire visiter ou manger dans un bon bouchon lyonnais! Tenez nous au courant quand vous en saurez plus ce serait juste top!!! À bientôt!!

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