Les Globe Croqueurs

6 choses que j’aurais voulu savoir avant de m’expatrier…

déménager à l'étranger

S’expatrier c’est toute une aventure ! Si vous êtes expat, vous le savez déjà. Si vous vous apprêtez à partir à l’étranger, vous êtes sans doute étourdis par la somme de choses à penser. Et si vous êtes dans la mère patrie mais que vous me lisez régulièrement, vous avez bien compris que l’expatriation n’est pas une sinécure ! Loin de là même ! Depuis quelques temps, je pense beaucoup aux choses que nous aurions faites différemment « si on avait su ». À toutes ces petites choses auxquelles on ne s’attendait tout simplement pas.  Alors aujourd’hui, j’ai décidé de partager avec vous ces 6 choses que j’aurais aimé savoir avant de m’expatrier.

Avant de partir j’aurais aimé qu’on me dise :

Que j’allais perdre des amis

C’est drôle, avant de partir, tout le monde te dit « on viendra vous voir ! ça sera génial ! Et puis on s’écrit hein ! On a Facebook, What’s App, on ne sera pas coupés du monde ».  Et puis les semaines, les mois passent et certains « amis » n’ont juste pas le temps pour toi. Les messages restent sans réponses. Les soit disant visites n’arrivent jamais. « Ah oui faut qu’on organise ça ». Ou le « on viendra l’année prochaine, vous y serez encore ? ». Ils ne savent même plus quand tu es censé revenir. Loin des yeux, loin du coeur. Pour certains ça marche bien.

Bref, pas grave, il vaut mieux le savoir. S’expatrier ça fait du tri dans les amis…

Que nous ne pourrions compter que sur nous-mêmes

Vous me direz, c’est sans doute la conséquence directe du point d’avant. Mais, en fait pas uniquement. Le truc, c’est qu’avant de s’expatrier, on imagine souvent que ça va être génial. On rencontrera des parents à l’école, on deviendra amis et on ira boire des aperitivi tous ensemble. Il y aura une communauté française, peut-être, ou d’autres expats et ça sera une sorte de grande famille. #Bisounours

Mais être étranger quelque part, c’est juste de la pure solitude. Tout ça, ce sont des apparences. La vérité c’est que tu composes avec ce qu’on te donne. Quand tu as un peu de chance, tu fais quelques rencontres chouettes. J’en ai fait depuis le début et ça fait un bien fou (Emeline, Lalie, Fanny c’est pour vous les filles 🙂 ). Mais même quand on en parle entre nous, nous sommes toutes d’accord. On est seule au monde. Le quotidien est lourd. Chaque bribe de sociabilisation est vécue puissance 10. L’expatriation, c’est la « vraie vie ». Tu ne rencontres pas des gens avec qui tu t’entends bien tous les deux jours. Le tissu social prend beaucoup de temps à se faire et pour 3 rencontres formidables il y en a 30 qui tapent sur le système.

Personne ne vient te soutenir quand tu n’es pas bien. Personne ne vient t’expliquer comment marche l’administration, le médecin, l’école, etc. Chaque jour t’apporte un nouveau lot de surprises et de galères.

Qu’une expatriation, ça se prépare !

Quand on nous a parlé de l’Italie, tout est allé super vite. On avait 48h pour répondre. Mais quand j’y repense, on aurait dû leur dire un bon gros fuck ! Comment tu peux savoir en 48h si c’est vraiment la bonne décision ? Comment tu peux prendre le temps de savoir combien tout ça va vraiment te coûter ? Déménager à l’étranger ça ne s’improvise pas ! Et le prix des crèches, des écoles, du logement ! Là dessus on s’est bien trompé ! Nous avons vraiment mal estimé l’argent et l’énergie que tout cela allait nous coûter.

 

Conseil aux futurs expatriés :

Si je dois donner un conseil à tous les futurs expatriés, ce serait le suivant. Avant de dire oui, avant de signer quoi que ce soit :

  • Entrez en contact avec des expatriés déjà présents dans votre pays d’accueil (il y a d’excellents groupes Facebook pour cela)
  • Renseignez-vous en détails sur le coût du logement, de la crèche, de l’école, de l’énergie, de la vie globalement
  • Quelle politique sociale ?
  • Quelles facilités pour les étrangers ?
  • Et par pitié : trouvez un déménageur international professionnel !

Nous avons tellement été pris de court que nous avons fait confiance à une société de déménagement française. Si les déménageurs étaient vraiment au top, l’organisation était catastrophique. Le commercial n’avait pas pris la peine de se renseigner sur les conditions spécifiques de stationnement de notre lieu d’arrivée, malgré nos alertes. L’emménagement a pris le triple de temps. Nous nous sommes retrouvés avec un poids lourd dans les rues pavées du centre historique de notre petite ville italienne ! Un gros manque de prévoyance qui nous a coûté un stress dingue ! Et beaucoup de fatigue.

Un déménagement à l’étranger ne coûte pas nécessairement plus cher que si vous déménagiez d’un bout à l’autre de la France. Vous pouvez consulter ce site, si vous souhaitez vous faire une idée du prix d’un déménagement international.

Qu’il s’agissait d’un voyage sans retour

Souvent je pense au jour où nous rentrerons en France. Et pour nous, il n’y a aucun doute sur le fait que ce jour va arriver ! Mais je me dis souvent aussi que le décalage risque d’être énorme ! L’expatriation est une expérience tellement intense ! On se dépasse, on se confronte en profondeur à une culture. Imaginez-vous vivre plusieurs années au même endroit ! Aucun voyage ne peut apporter ce degré de connaissance d’un pays, d’un peuple (et encore il nous faudrait encore des années pour tout saisir !).

Quand nous rentrerons, notre entourage n’aura pas bougé. La France ne sera pas allée parcourir le monde. Et nous serons porteurs de cette double culture. Je suis à la fois curieuse et anxieuse de cette confrontation.

Que j’allais louper des moments importants

À peine deux mois après notre déménagement à l’étranger, ma grand-mère a fait un AVC. À la suite de cela, on lui a diagnostiqué un Alzeihmer. Ma mamie a une place immense dans ma vie. Nous avons toujours fait plein de choses ensemble. Nos rendez-vous gourmands, au resto, au salon de thé, étaient nombreux. Je l’ai toujours appelé au moins une fois par semaine, elle a toujours tout su de mes amours, bref, un pilier pour moi. La dernière fois que je l’ai vu avant de partir vivre en Italie, on était en larmes. Elle m’a regardé longtemps et m’a dit : « Va, vis et sois heureuse ». Comme si elle savait que nous ne partagerions plus jamais tout cela.

Avec ma mamie à Noël

Le hasard a fait que j’étais à Lyon quand l’AVC s’est produit. J’ai prolongé mon séjour pour rester auprès d’elle. Mais il a bien fallu retourner en Italie… Et la vie suit son cours. Les réunions de famille où l’on n’est pas présent, les diagnostics qui s’enchaînent et les retours où elle me reconnaît de moins en moins. Un sentiment très difficile à gérer que celui de ne pas être présent pour les siens. 

De la même manière, mon meilleur ami a eu un bébé l’année dernière. Quand il m’a appelée depuis la maternité, avec la vidéo pour me montrer sa petite fille, j’étais folle de joie pour lui. Et en même temps le coeur serré de savoir que nous n’allions pas nous voir avant longtemps.

Tout le monde « comprend », mais parfois ça n’est pas suffisant.

Que la notion de « maison » ne voudrait plus jamais dire la même chose

Quand on est expatrié, on vit en permanence entre deux mondes. Nous sommes porteurs d’une double identité. Bien sûr, la première est native. Nous sommes français. Tout ce que nous observons dans notre pays d’accueil est vu par le prisme de notre patrimoine, de notre éducation etc. Mais pour autant, l’Italie (pour nous) finit par nous déteindre dessus. La langue devient étrange. On mélange en permanence les deux. On adopte des expressions, des gestuelles, des façons de faire. En voiture je suis devenue complètement skyzo ! Une vraie italienne en Ritalie et je reprends mes habitudes françaises dès que je franchis la frontière ! 🙂

Parfois, je ne sais plus ce que ça veut dire « être à la maison ». Quand nous rentrons en France, nous sommes hébergés. Nous n’avons donc pas de chez nous. En Italie, nous nous savons en transit. Notre « maison » nous plaît, nous y vivons pleinement mais nous connaissons la date de fin. Ce rapport est un peu bizarre. Au delà de ça, nous vivons en permanence l’expérience d’être étranger. Difficile de se sentir « chez soi ». 

La maison que nous avons laissée en location en France, y remettra-t-on vraiment les pieds ? Impossible à dire. Et alors quoi ? Je crois que la maison c’est nous. La famille. Les amis qu’il nous reste. En tout cas, pour moi, le temps passant, la maison c’est ça.

Le mot de la fin…

Alors voilà, ce n’est pas un article pour se fendre la poire ! J’en conviens ! Mais parfois je pense qu’il est important de se dire ces choses là pour démystifier l’expatriation dorée où tout le monde vit dans le luxe et la détestation de la France. Partir de son pays est et reste un déracinement profond dont il faut mesurer toutes les conséquences. Cela n’enlève en rien la beauté de l’expérience et les incroyables bénéfices que ça apporte (mes enfants sont bilingues, c’est dingue !). Notre cerveau n’a jamais été aussi aiguisé et je pense d’ailleurs que le bilinguisme y est pour quelque chose. Bref, tout n’est pas noir. Tant qu’on sait que ces réalités existent.

Et vous, comment vivez-vous votre expat ? Si vous vous apprêtez à partir, quelles sont vos appréhensions ?

♥ Ne perdez-pas cet article ! Épinglez-le ! ♥

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3 Responses

  1. Coucou Charlène

    Ton article m’a beaucoup émue. Etre loin, lorsqu’on est habitué à un tissus familial serré, ce n’est pas facile. Et parfois se comprendre, lorsqu’on a un quotidien différent de ceux « qui sont restés ».
    Je suis en Italie depuis 13 ans (j’avais trouvé par hasard ton blog lorsque tu habitais vers Lodi mais j’étais une toute jeune maman incasinata donc j’avais pas osé te proposer de nous rencontrer :)). Mon compagnon est Italien et nous habitons dans sa petite ville, donc notre situation est un peu différente de la votre. Ce que j’aurais aimé savoir – et que je ne sais toujours pas: comment sera l’enfance de mon fils bi-culturel, mais avec une énorme influence italienne. Je suis en super minorité et je le gave de livres et comptines françaises ahahah

    1. Coucou Aurélie ! Je te demande pardon pour cette réponse ultra tardive ! Oui c’est exactement ça, on est parfois décalé, presque incompris quelque part. Oh mais quel dommage que tu ne m’ai pas fait signe à Lodi ça aurait pu être chouette ! Entre mamme désespérées haha ! Où es-tu en Italie ? Franchement je te tire mon chapeau de vivre avec un italien. J’avoue que le package familial me fiche la trouille ! 🙂 🙂 Je comprends ton questionnement, je crois que ça touche pas mal de monde et à priori, j’ai l’impression qu’il ne faut rien lâcher. Partager ta culture, ta langue etc. Il favorisera sans doute l’italien parce que c’est son environnement quotidien mais quand il sera en France, il ne sera pas totalement perdu. Courage ! Et n’hésite pas à me faire signe si tu n’es pas trop loin, on pourrait se prendre un cappucio !

  2. Hello Charlene,

    Merci pour ton article et sa sincérité.
    Ca fait du bien de lire la vérité. Je me suis expatriée en … Nouvelle Zélande et je vis un enfer. Et surtout je ne sais plus où aller car je ne me vois pas rentrer en France. Je n’arrive même à écrire sur le sujet (j’ai un blog aussi) tellement j’entends résonner dans ma tête tous les mauvais esprits des faux amis qui disent “ah bah voila, on savait bien qu’elle regretterait, bien fait…” . Tu le devines, je n’ai eu aucun soutien ou personne heureuse pour moi quand je suis partie. As-tu réussi à trouver une joie de vivre ou supportes-tu le fardeau en attendant de partir ?

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