Les Globe Croqueurs

Au bout du monde jusqu’à Tilcara…

Quelle journée nous avons passée vendredi! On ne s’attendait pas à autant d’émotions et de rebondissements.

Après notre nuit à Salta et alors que le soleil brille largement, nous hésitons sur notre itinéraire. Nous passons un coup de fil à la défense civile qui nous confirme que la piste entre San Antonio de los Cobres et les salinas grandes est praticable. Elle est réputée pour être souvent pourrie.

Du coup, nous décidons de faire notre boucle par là et prenons la route direction S.A de los Cobres. Cette route a qui plus est la spécificité de suivre le chemin de fer du Tren a la Nubes (le train des nuages) qui monte jusqu’au villagpe, l’atteint par un viaduc situé à 4200m d’altitude et repart à Salta. Il y a 180km entre les deux villes et le train fait ce parcours en partant à 7h et en revenant à minuit.

Bref, au départ pour nous, c’est une piste caillouteuse dans une vallée enchanteresse. Puis la route redevient meilleure et nous découvrons la quebrada del torro, encore une merveille avec des montagnes aux mille couleurs, des villages minuscules où les enfants, à l’école, font leur sport et une impression plus l’on grimpe, de se couper du monde.

Eh oui! Salta est à 1200m mais San Antonio à 3770! Et pour l’atteindre il faut passer un col à 4080m d’altitude!

Nous passons en route devant un minuscule hameau appelé Santa Maria de Tastil. Ici est censé être le point d’accès à des ruines pré incas : les ruines de Tastil.

Bon ils n’en parlent pas beaucoup dans les guides et nous sommes les seuls sur le parking, c’est clairement pas Quilmes. De toute façon, l’Argentine n’est pas un grand pays de ruines.

Bref nous essayons de comprendre comment ça fonctionne, nous nous faisons interpellés par trois habitants qui attendent et font du stop (c’est incroyable le nombre de gens qui font du stop dans ce pays!) puis entrons dans un comedor qui est aussi une boutique, pour prendre de l’eau.

Il est dur de vous expliquer à quel point c’est minuscule et même la porte de la boutique n’est pas indiquée et c’est un vieil homme qui semble errer là sans raison, qui nous confirme que c’est bien ici. Le lieu ne donne pas envie de s’installer pour manger. Il est 13h mais tant pis nous patienterons.

Nous cherchons l’accès au site faisons quelques pas puis renonçons. On ne sait même pas si ça vaut le coup et ce coin nous soule un peu! Une petite photo soupir, un arrêt quelques mètres plus loin à la véritable entrée des ruines où on apprend qu’il y a un certain temps de marche (et quand on voit le soleil qui tape qui tape on n’a pas envie), et nous voilà de nouveau en route.

Un arrêt au minuscule village de Las cuevas nous fait vivre une méprise.
Un comedor est indiqué mais en fait il s’agit d’une cantine scolaire. Tant pis… Et voilà que nous commençons à monter sérieusement, flirtant avec le magnifique sommet du Nevado Acay qui frôle les 6000m. En terme de paysage c’est assez grandiose et la solitude ajoute à la superbe.

Mais Nico commence à ralentir de plus en plus puis s’arrête et fait demi tour. Il ne se sent pas bien et veut reprendre un palier en dessous pour mieux s’habituer à l’altitude. Nous devons être à 3600m environ et redescendons un peu plus bas. Nous nous installons à un arrêt de bus (oui il y en a un) et restons là une demi heure.

Nico est très fatigué. Il faut dire qu’entre la route de la vieille, le fait qu’il est 14h et qu’on n’a toujours pas mangé et la mauvaise nuit qu’il a passé ça fait peut être un peu beaucoup.

Et puis il y a ce sentiment d’isolement qui le perturbe. Il essaye de siester un quart d’heure (je n’ai pas les mêmes problèmes que lui mais il est vrai qu’en fermant les yeux, on sent qu’il est un peu plus dur de respirer), puis nous reprenons la route et nous lançons dans l’ascension du col.

Il faut bien l’avouer, le moment est assez extraordinaire, nous sommes sur le toit des montagnes, seuls au monde et avec une impression que la civilisation est loin…loin…

Alors que nous commençons très très légèrement à redescendre et que la route redevient une piste, je tourne la tête et voit des dizaines de lamas sur le chemin de fer!

Je descends de la voiture pour m’en approcher et les prendre en photo. Waou, le vent est fort et l’air rare, c’est l’essoufflement à chaque pas.

Les lamas sont zens quant à eux et je parviens à m’approcher alors que je commence à entendre des aboiements de chien plutôt hostiles.

Je me retourne, Nico arrive en face de moi, les chiens s’approchent dangereusement et un berger aussi. Je lui lance un chaleureux « Ola », tout le monde est tellement aimable depuis que nous sommes arrivés en Argentine. Et je pense qu’il vient pour calmer ses chiens. Mais en le voyant s’approcher, il a l’œil mauvais et commence à nous hurler dessus en nous demandant ce que nous voulons. Je lui explique qu’on voulait simplement voir les lamas et il m’aboie lui aussi dessus pour me dire de le laisser tranquille et de partir.

On s’en va et les chiens ne nous suivent pas mais là c’est la goutte d’eau. Alors qu’on atteint presque la voiture, Nico me dit : « sinon on s’en va ». Et une fois le pied dedans je lui réponds : « oui, on part! ».

Comme l’a bien résumé mon homme, on ne sait pas pourquoi, ni ce qui se passe ici, mais ce n’est pas pour nous!

Je commence à pleurer dans la voiture. J’ai eu tellement peur avec ces chiens! Et puis cette décharge de méchanceté soudaine mêlée aux émotions de l’ascension, c’était trop!

La redescente est un peu silencieuse, on se sent penaud, on se sent con et en même temps soulagé, on ne sait pas trop de quoi! Il faut dire qu’après ces difficultés, la perspective de passer la nuit à 3700m ne nous emballait pas.


A 16h, on tombe enfin sur un comedor perdu dans un village. Il est encore possible de manger, ouf! Poulet rôti et frites! Chouette! Le lieu atteint des sommets d’improbabilité.

On a l’impression de manger dans une remise, tapissée de cartes postales, mots et affiches laissés par des clients. Certaines cartes datent de 1974! On voit aussi des photos des ruines de Tastil et on a la confirmation qu’on a rien raté!

Le repas arrive et on l’agrémente d’un bon coca bien frais! Ah! Ça fait du bien! On commence à se remettre doucement de nos émotions même si c’est encore à vif.

Nico est fatigué mais en même temps on n’a vraiment pas envie de retourner à Salta! Y’en a marre de Salta! Alors on fait le point avec les 15000 cartes qu’on a récupéré un peu partout et on décide que ce soir, on va pas nous avoir! On va la trouver cette autoroute qui va à Jujuy!
Nico lance la musique à fond dans la voiture et c’est reparti! On parvient à trouver la bonne route (mais franchement on y consacrera un article, il y a un vrai problème dans ce pays avec les panneaux d’indication!).

Bref, on arrive à Jujuy vers 20h et la ville est baignée dans l’effervescence du week end. Ça nous vaut aussi quelques déboires puisque tous les hôtels dont nous poussons la porte sont complets. Nous remarquons aussi que nous nous sommes bien rapprochés du tropique! Il fait moite et chaud!

Pour les hôtels, il y en a bien un dans le lonely qui a l’air top mais plus luxueux. Nico me dit : on va voir!

On arrive, ils ont des chambres, on visite, c’est beau, c’est grand, c’est propre! Et là banco! Oh et puis c’est vrai quoi! On est en lune de miel et on a eu une journée vraiment éprouvante! On le mérite!

Autant dire qu’on se réveille frais comme tout dans notre belle chambre!

Après un bon et copieux petit déjeuner, nous reprenons la route direction Tilcara où nous attend notre « posada » lune de miel.

Nous partons dans les nuages et retrouvons bientôt le soleil alors que nous arrivons à Purmamarca.

Ce village est célèbre car il abrite El Cerro de los siete colores, le mont aux sept couleurs.

Le village est aussi plein de boutiques d’artisanat et un grand marché sur la place permet de trouver plein d’artisanat et de souvenirs! Nico accomplit un rêve d’ado qui est aussi un peu son cadeau d’anniversaire: il trouve un beau poncho!

Nous déjeunons dans un bon comedor puis décidons de partir à notre hôtel à Tilcara, qui n’est qu’à 23 km de là. On se réserve le mont pour un matin, afin de profiter au mieux des couleurs.

Arrivés dans notre posada, c’est l’enchantement! Nous avons une petite maison à nous avec une belle terrasse sous une vigne et un salon, trop classe! Le soleil a beau briller le fond de l’air n’est pas très très chaud. Je vais tâter l’eau de la piscine avec un secret espoir et là, ô joie, elle est chauffée!!!

On file mettre nos maillots et on savoure!

Le soir nous dinons dans un resto pas top. Le seul fait marquant de la soirée est un groupe qui a joué de la musique traditionnelle et a apporté une touche d’absurde en utilisant une immense corne qui passait au dessus des têtes de tout le monde.

Aujourd’hui nous avons l’embarras du choix quant à nos excursions. Le Cerro, humahuaca, les salinas grandes, sont autant de lieux que nous avons prévus de voir mais nous n’avons pas encore décidé de l’ordre!

À très bientôt!

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Une réponse

  1. Bonjour Charlène et Nicolas : Récit très pittoresque qui nous tient en haleine et
    en fin tout se termine bien. Bravo. Bruna

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