Quelle joie de découvrir de nouveaux paysages et une nouvelle culture ! La Malaisie est un pays plein de surprises !
Nous avons posé nos sacs à dos quelques jours dans les Cameron Highlands, à 200 km au nord est de Kuala Lumpur, dans la petite ville de Tanah Rata. Située à 1200 mètres d’altitude, elle nous a offert une fraîcheur que nous n’avions plus ressentie depuis le Mae Hong Son Loop en Thaïlande.
Cette région magnifique, est cernée de toute part par les montagnes dont une, le Gunnum Brinchang, culmine à 2031 mètres d’altitude. Son climat humide et la présence de forêts de nuages (dont nous parlerons un peu plus loin) offrent un sol fertile, propice à diverses cultures et particulièrement à celle du thé.
En arrivant en début d’après midi, nous ne pouvons pas nous aventurer bien loin. De plus nous avons pris une nuit dans un hôtel glauque qui a plus l’air d’être un lieu de passe et souhaitons vivement en changer pour les jours suivants. Nous passons donc l’après-midi entre recherche de chambre, nasi goreng (riz frit malais) dans une échoppe de rue joyeuse et mise à jour du blog dans un cyber café rempli de geeks chinois jouant en ligne sur fond de métal asiatique. En fin de journée il se met à pleuvoir fort et longtemps. L’humidité est extrême et avec l’altitude on a un peu froid!
Le lendemain, après avoir migré au Twin Pines, une guest house sympathique et moitié moins cher que l’hôtel précédent, nous avalons un déjeuner à base de riz et de poulet au milieu des familles malaises qui mangent avec les mains et nous mettons en route pour une petite randonnée.
Dans les Cameron Highlands, c’est une des activités principales avec la visite des plantations de thé. Il existe de nombreux sentiers, répertoriés dans le lonely planet mais tous ne sont pas pratiquables. Nous optons pour le 9A, un parcours d’environ 6 ou 7 km à travers la jungle. Le ciel est gris mais ça semble être la météo quotidienne ici! Nous nous lançons.
C’est la première fois depuis le début de notre séjour que nous nous trouvons dans une jungle aussi luxuriante, humide, riche en végétation multiple. En chemin, nous pouvons admirer une cascade gorgée d’eau (sacré contraste par rapport à celles du Laos ou de Thaïlande), des plantes énigmatiques et toutes sortes de champignons. De plus nous sommes totalement seuls, ce qui ajoute au charme de la promenade. Par moment, la nature reprend ses droits sur le sentier et il faut alors escalader des troncs ou des rochers glissants. Une chose est sûre, il ne faut pas avoir peur de se salir ou de se casser un ongle! Et cela devient d’autant plus vrai lorsque l’escapade tourne à l’aventure.
Le ciel est noir et la jungle devient de plus en plus sombre. La pluie arrive. Sous les arbres, nous parvenons à nous abriter un peu. Mais ça ne s’arrête pas et nous n’avons pas envie de rester bloquer là jusqu’à la fin de la journée. Du coup, on avance mais la pluie redouble d’intensité et nous sommes de plus en plus mouillés.
Après une bonne heure de marche, nous tombons sur un petit mot, déposé par un randonneur qui tient à prévenir que les 700 derniers mètres sont très difficiles, particulièrement quand il a plu et qu’il faut être prudent. Nous comprenons rapidement pourquoi. Le chemin est escarpé, glissant. Des troncs bouchent le chemin nous forçant à les escalader, sans prise réelle et parfois à sauter car ils sont hauts. Nous sommes trempés et couverts de boue. J’ai peur un temps qu’il y ait des sangsues mais heureusement ce n’est pas le cas et seul un insecte étrange s’invite sur ma main avant que je ne le chasse dans un grand sursaut.
Le final est magique, une pente raide, boueuse et minuscule où nous devons nous accrocher à des branches et des racines pour parvenir à descendre et rejoindre un petit chemin, au milieu de plantations diverses.
Nous courons nous mettre à l’abri sous un petit cabanon pendant que le ciel finit de lâcher ses eaux torrentielles. Des agriculteurs attendent tranquillement que ça se calme et alors que les dernières gouttes tombent, repartent travailler dans les champs.
Malgré la galère nous sommes ravis et repartons gaiement sur la route, afin de rejoindre Tanah Rata. Autour de nous, des plantations de thé, des fermes et des travailleurs règnent en maîtres au milieu des montagnes. Le soleil montre même le bout de son nez.
Nous réalisons que la ville est à 10km et pensons peut être pouvoir attraper un bus local, sans grand espoir. Au bout de 3 ou 4 km en montée, on fatigue un peu et on commence à avoir froid. Nous tentons de faire du stop sans succès. Puis, alors que nous ne faisons aucun signe, une voiture s’arrête 100 mètres après nous. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, une fille, accompagnée par un garçon côté passager nous demande où nous allons et nous propose de nous ramener. Un peu dubitatifs au départ, pensant qu’il s’agit peut être d’un taxi qui va nous demander des sous une fois en route, nous comprenons rapidement qu’il n’en est rien.
Olivia et son ami « Thé » (c’est ainsi que ses camarades le surnomme), sont étudiants et ont l’air de rentrer chez eux pour le week-end. Ils sont tous contents de pouvoir pratiquer leur anglais, ne cessent de rire et de nous poser des questions. C’est un moment très agréable et un vrai bonheur d’avoir un contact authentique, en dehors de toute question d’argent.
Nous rentrons ravis et une fois secs, sortons déguster un claypot, spécialité chinoise très répandue ici, consistant en du riz frit, des champignons, des légumes et de la viande cuits dans un plat en terre. Il fait un peu frais, c’est exactement ce qu’il nous fallait.
La rando, c’est sympa. Sous la pluie, c’est drôle une fois (encore qu’on a moins rit en voyant l’état de nos affaires dans les sacs à dos qu’on avaient emmenés), mais pour notre deuxième jour de visite, on a envie d’un peu plus de simplicité. De plus, les sites d’intérêt sont éloignés les uns des autres et rien ne vaut une voiture pour se déplacer en toute tranquillité ! Alors nous succombons au plaisir coupable du tour organisé.
Nous choisissons un tour d’une demi-journée, en après-midi et nous octroyons une grasse matinée, la première depuis très longtemps en fait. On se réveille à 11h et on réalise qu’on en avait vraiment besoin !
Nous avons l’agréable surprise de découvrir que nous ne serons que 4 pour ce tour, un couple Malais un peu spécial, et nous. Parfait ! Nous partons aux « Boh Tea Plantations », la plus ancienne plantation de thé des Cameron Highlands, créée en 1928. Le paysage qui se déploie sous nos yeux est spectaculaire. Des champs verts à perte de vue, sur des montagnes aux formes uniques. On ne se lasse pas de regarder ce spectacle qui tranche fortement avec ce que nous avons vu jusqu’à présent.
Un petit parcours nous permet d’observer les différentes étapes de fabrication du thé. Puis nous disposons d’une heure pour aller à la boutique, boire un thé ou juste profiter du paysage. Bien entendu le lieu est touristique mais ça ne nous dérange pas. La vue est sublime et nous voulions de toute manière acheter du thé. Avant de repartir nous ne manquons pas d’honorer le Tea Time avec une bonne petite tasse et une tartelette aux fraises.
Nous prenons ensuite la route du Gunnum Brinchang, le plus haut sommet de la région. Le chemin qui y mène est étroit et escarpé. Chaque fois que nous croisons quelqu’un, c’est assez folklorique pour passer. Mais nous y parvenons ! Une petite installation permet de grimper sur une plateforme métallique et d’avoir une vue à 360 degrés sur la vallée et les montagnes alentoures. C’est superbe. D’un côté nous pouvons observer les champs et les villages. De l’autre, des nuages vont et viennent sur les sommets. C’est fascinant.
Nous sommes chanceux, notre tour n’est pas un tour lambda et notre guide nous arrête là où aucun autre groupe ne va, pour pénétrer dans la « Mossy forest » ou forêt de nuages.
On appelle ainsi les forêts qui se trouvent à une altitude assez élevée et qui sont perpétuellement baignées dans les nuages. Pour y pénétrer, nous prenons un chemin boueux où les racines forment des sortes d’escaliers. Les arbres sont recouverts d’une mousse verte et l’on pourrait croire que des elfes vont surgir à n’importe quel moment.
Le couple malais reste en bas après quelques mètres car la femme a mis des tongs et ne veut pas se salir. Nous nous retrouvons juste Nico et moi avec le guide, c’est génial ! Il nous explique alors que le sol sur lequel nous marchons est au dessus du vide. Et pour cause, il est formé par le compost de la mousse, créé au fil des siècles. Si l’on saute, tout se met à trembler… Épatant !
Nous observons la flore de cette envoûtante forêt qui pourrait servir de décor à Tim Burton et découvrons une sorte d’orchidée qui vit sur les arbres mais leur fournit également un engrais naturel. Alors que le jour décline lentement et que la forêt s’obscurcit, nous entendons le bruit des animaux et des insectes qui se réveillent.
Pour regagner la voiture, nous escaladons, dans le sens de la descente, un gros rocher. Nico, enthousiaste me dit que je suis prête pour faire du canyoning… affaire à suivre !
La dernière étape de la journée est une ferme aux insectes et papillons. Elle regorge de tout ce que l’on peut trouver dans les environs, des jolies mentes religieuses aux affreux scorpions, en passant par les serpents, les coccinelles etc. C’est assez sympa et la volière aux papillons est magnifique.
Pour couronner le tout, nous prenons en stop un groupe de 7 ou 8 randonneurs sur le chemin du retour, qui s’entassent à l’arrière du 4×4 et faisons la connaissance d’une neo-zélandaise qui skiait encore en France il y a une semaine ! Nous arrivons à Tanah Rata dans la bonne humeur la plus totale !
Au final, nous sommes très contents de ce tour, intéressant et pas du tout dans l’esprit « boutique » à chaque étape. Qui plus est, il nous a permis de voir des choses auxquelles nous aurions eu du mal à accéder par nos propres moyens.
Nous nous régalons encore au dîner. La nourriture ici est riche des influences indiennes, malaises et chinoises si bien qu’il y a du choix et que c’est assez raffiné. L’ambiance est festive en raison d’on ne sait quelle célébration et il y a une scène avec orchestre live, chanteurs de qualité etc. Quant aux gens, ils semblent vivre entre eux sans aucun soucis, qu’ils soient indiens, malais, chinois. Musulmans, hindous ou bouddhistes. On sent en eux une grande tolérance qui fait plaisir à voir.
Voilà tout pour nos récentes aventures ! Nous sommes à présent dans les îles Perhentian après un passage éclair à Kuala Lumpur pour récupérer notre tablette qui est réparée! Nous rêvions de dorer au soleil depuis un petit moment, voilà qui va devenir réalité ! On vous raconte ça bientôt, d’ici là, des photos !
5 Responses
Merci pour ce beau récit qui nous plonge dans une atmosphère un peu mystérieuse et de magnifiques sites. Les photos sont toujours aussi
belles et vous paraissez très détendus malgré cette randonnée assez
hasardeuse. Vous êtes de vrais aventuriers. Bravo et grosses bises.
BRUNA
Tes photos témoignent de la beauté du site… Cette randonnée semble avoir été une belle aventure…
les cameron highlands sont sur ma bucket list depuis un moment déjà 🙂
Ces photos de plantations de thé sont simplement splendides! Et moi qui me réjouit de faire des tours dans des forêts luxuriantes comme celles que vous décrivez (remarque que Fabienne les redoute déjà mes idées de ballades 😉 )… Du coup, je crois qu'on va rajouter ça à la bucket list ;-)… Splendide
Bon vent les amoureux
Superbes photos et recits. On passe des tour de KL, a la foret mousseuse c'est vraiment splendide !
PS : nico rentre ton ventre sur les photos !