Les Globe Croqueurs

Bienvenue 2019 : tu es ce que tu es où tu es…

Vous en avez marre hein ? Tous ces bilans en pagaille ! Et allez que chacun raconte son année passée, ses envies, ses galères. En plus j’arrive après la guerre. Quoi ! Elle nous sort son bilan un 7 janvier ? Non, en fait pas vraiment un bilan.  Voyons plutôt cela comme le fruit d’une réflexion qui aurait pu trouver sa place dans les « ma vie de… ». C’est à dire qu’après bientôt un an et demi d’expatriation, j’ai quelques pensées qui me traversent régulièrement l’esprit et j’avais envie de les coucher sur le papier (numérique).

Alors l’Italie c’est bien ?

Variante : tu préfères quoi là bas ? De toute façon c’est comme la France non ? Tu vas pas rentrer, j’en suis sûr ! C’est trop beau là bas et on mange trop bien. 

Oui oui oui, bien sûr… épineuse question que celle de ma relation à l’Italie. Je ne vous l’ai jamais caché, les choses ne vont pas de soi ici. Quelque chose m’empêche d’accrocher totalement. Un manque d’adhésion, un manque de stimulation aussi.  Oui c’est beau, oui c’est bon, oui les gens sont souriants mais ça ne fait pas tout. Il me manque ce petit quelque chose qui met mes sens en éveil. Qui me rend curieuse, qui me fait me sentir chanceuse.

Quand tu as trop vu Gladiateur 🙂

Je me suis sentie chez moi instantanément dans des pays plus lointains, à peine un pied au sol. L’Italie ne m’a jamais fait ça. Un comble quand on sait que je suis une petite fille d’italien. Mà dai, ça ne se contrôle pas.

Pour autant, rien n’est tout noir, car cette expérience nous apporte énormément…

Ce qui ne nous tue pas…

Parfois je repense aux premiers jours à Lodi. À ce tourbillon. Certaines fois ça me semble être hier. À d’autres moments c’est un autre monde. La personne que j’étais alors devient de plus en plus floue dans ma mémoire et je dois bien reconnaître que je dois beaucoup à ce départ à l’étranger dans mon développement personnel. De manière générale je pense que je suis devenue :

  • Plus forte
  • Plus affirmée
  • Encore plus soucieuse du bien être de mes enfants
  • Plus attentive aux sentiments de Nicolas

La vérité c’est que derrière le vernis de l’expatriation, il y a une réalité : la solitude. La solitude de celui qui suit son conjoint, des enfants coupés de leur famille, de celui qui est à l’origine du départ aussi. Autre culture, autre moeurs, autre langue, tout est à rebâtir.

Cela suppose de construire de nouveaux repères, de se forcer à ne pas rester seul et plus que tout de COMMUNIQUER.

Le couple a le vertige (de l’amour)

Je me souviens, lorsque nous sommes rentrés de notre voyage au long cours, tout le monde nous disait : » une fois que ton couple a vécu ça, tu peux tout faire ». Faux. La preuve, je connais plusieurs couples qui se sont séparés quelques temps après une telle expérience.

Bien sûr que ça renforce, mais un voyage reste un voyage. On découvre, on se divertit. Les galères sont réelles mais tout cela sert un but positif et relativement insouciant. L’expatriation à l’inverse, c’est la vraie vie, ailleurs. Et le quotidien, où qu’il soit, comporte son lot de difficultés bien réelles. De nouvelles qui vous assomment, de joies que l’on vit de loin, de soucis administratifs que vous n’auriez pas eu chez vous, de ce sentiment de n’être plus rien.  « À l’étranger t’es un étranger » dit Orelsan. C’est vrai.

Le couple dans ce contexte en prend un coup. Difficile de ne pas vouloir trouver un responsable. « Tu m’as traîné là », « t’as qu’à faire des efforts pour t’adapter ». Ça aurait pu être dramatique. Mais la force et la chance que nous avons, c’est notre amour. Je crois qu’en réalité nous n’avons jamais autant parlé et partagé sur notre expérience de vie. Alors ensemble, on traverse les tempêtes et on essaye de transformer cette période ambivalente en quelque chose de beau. Pour nous et pour eux… ces deux amours qui remplissent notre vie (et notre maison !).

 La théorie du pot de céréales

Oui ? Plaît-il ? Ok je vous explique. Hier, alors que nous venions de rentrer de 15 jours en France, je préparais nos céréales du matin, en vue de la rentrée. L’odeur de cette préparation me transporte instantanément à Lodi, sous 40 et quelque degrés, dans les premières semaines de notre expatriation. Pourquoi ? Il se trouve qu’en France, j’avais un muesli que j’adorais et que je n’ai pas retrouvé ici. Alors j’ai décidé de le faire moi-même. Ayant conquis toute la famille, je le prépare toujours, depuis ce moment.

Et voilà ce que je pensais : « tu ne l’aurais pas fait si nous n’étions pas partis et pourtant tu es bien contente de ces céréales maison ». Futile ? Non, métaphorique bien sûr ! Car cela se reporte sur tout. Oui, je n’aurais sans doute pas créé mon entreprise aussi vite et travaillé avec autant de détermination à son développement si j’avais gardé le confort de mon cocon. Je n’aurais pas réécrit des chansons, peut-être même que je ne partagerais pas les mêmes moments avec mes enfants, avec Nico.

La vie de famille que nous bâtissons est intimement liée à notre situation. Parce que nous n’avons que nous et qu’on fait front tous ensemble. Parce que la vie nous a mis des bâtons dans les roues, dont je ne tiens pas à parler pour le moment, mais que nous y faisons face tous ensemble. Et cet amour rejailli sur nous tous et fait de nous de meilleures personnes.

Photo de Sylvain Fournest : www.sylvainfournest.com

Dans le fond, la plupart des galères auraient existé en France. Nous n’aurions pas été seuls pour les affronter. C’est ça qui fait mal. Ah et bien sûr, la crèche fermerait plus tard et nous n’aurions pas eu besoin de la payer de notre poche, intégralement et ça… ah ça nous aurait bien aidé. Mais les enfants auraient fait leurs bêtises d’enfants. L’eau se serait infiltrée dans une autre maison, l’hiver aurait été froid ailleurs, les couches auraient coûté aussi cher, bref. La vie, c’est la vie.

Tu es ce que tu es où tu es

Alors voilà. Pour tout vous dire, ma vie en France me manque toujours autant. Lyon reste la plus belle ville du monde à mes yeux. Nous avons passé 15 jours fantastiques, passé du temps en famille, bu des pintes avec les copains, mangé dans nos restos préférés, en amis ou en amoureux, fêté nos 5 ans de mariage au ciné, après avoir flâné sur la Presqu’île. C’est notre vie. Celle que j’aime passionnément. Mais ça n’est plus « que » ça. Cette vie qui me manque n’est plus. Car nous ne sommes plus les mêmes qu’il y a 18 mois.

Aujourd’hui, notre vie c’est aussi parler italien alors qu’on ne connaissait pas un traitre mot il y  a moins de deux ans, gérer des papiers qu’on ne comprend pas, manger des foccacie le samedi midi après la piscine, tous ensemble à table, danser en préparant le repas, prendre un rond-point en quatrième comme un rital, dire « c’est beau » en se promenant dans Parme, dire « c’est bon » en mangeant de la torta fritta, crier beaucoup, rire encore plus. Parler « frantalien » entre nous, casser des voitures (pardon mon coeur !), s’extasier parce qu’Elliot écrit, suivre les ordres de Chiara en regardant son petit doigt potelé s’agiter, pleurer parce qu’on est trop seul et recommencer. Rentrer en France, bien manger, recharger les batteries. Passer la frontière et sécher ses larmes.

Je trouve que ces quelques photos réalisées par mon ami Sylvain Fournest illustrent parfaitement tout ça et les joies de la parentalité. Pour découvrir tout son formidable travail et réserver une séance photo c’est par ici !

Tu peux passer ton temps à penser que ta vie ne devrait pas être celle-là, que tu ne devrais pas être ici, que ta place est ailleurs mais la vérité c’est que tu vis ce que tu vis et que tu es ce que tu es, où tu es.

Alors, pour 2019, nous allons continuer à vivre cette expérience pleinement et de mieux en mieux je l’espère. Encore plus visiter l’Italie, parce que nous n’en profitons pas assez, développer mon activité encore et toujours, tous les deux, car Nico est mon meilleur soutien dans cette aventure… Il paraîtrait même que je travaille à un nouveau blog , si si… Pour en savoir plus, rendez-vous ICI.

À vous je vous souhaite du bonheur, de plutôt enfiler des gilets bleus comme la couleur du ciel, de garder les yeux et le coeur bien ouverts et de profiter des vôtres, parce qu’il n’y a que ça qui compte : l’amour.

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2 Responses

  1. Merci charlène pour ce post. Je me retrouve complètement dans ce que tu dis. J ai souvent du mal a trouver les mots pour dire ce que je vis ici en tant qu’expat, grâce à toi je pourrais mieux expliquer aux gens…

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