Les Globe Croqueurs

Cachi cachi cachi…Calchaquies!

Nos aventures sur les routes argentines continuent et nous ont offert ces trois derniers jours des moments assez grandioses!

Nous avons donc quitté Tafi del Valle mardi matin, après avoir vécu la veille au soir un record d’attente au restaurant. Ah oui ! C’est vrai qu’on ne vous a pas parlé du rythme argentin! Ici on n’est pas pressé, et lundi soir au Kkechuwa, une petite cantine sur la rue principale qui brasse sa bière (et plutôt bien), on a atteint des sommets avec au moins 45mn d’attente et la moitié de la commande oubliée. Mais bon les pâtes, maison, étaient délicieuses et le patron sympa alors ça va. Et en plus nous allions connaître pire quelques jours plus tard…

Bref, on reprend la route mardi matin dans l’autre sens, on repasse le col, on refait coucou aux lamas et on roule direction Quilmes.

Lorsque nous arrivons aux ruines, le panneau indiquant que le site est fermé est toujours en place et un groupe de gens est amassé un peu plus loin. Nous allons voir.


Des personnes essayent de négocier avec les habitants pour passer le barrage. La police est toujours là ce qui, pour nous, rend la scène un peu absurde puisqu’au final c’est elle qui décide. Après un quart d’heure de parlementations stériles et d’animation (on a l’impression que les gens règlent un peu leurs problèmes politiques au passage), les habitants sont intraitables, craignant que l’autre groupe avec qui ils se disputent les terres et qui les a « envahies » il y a quelques jours, avec des armes et des haches, ne soit violent. Nous partons avec courage!

Nous rejoignons à nouveau Cafayate et prenons un peu de temps pour nous rendre au marché artisanal, qui nous laisse un peu sur notre faim et à la Casa de las Empanadas qui, elle, nous rassasie! Les Empanadas y sont très bonnes et le lieu charmant. On a d’ailleurs tellement bien mangé qu’on n’a pensé à faire une photo qu’avec la dernière survivante.


Une fois repus, nous laissons Cafayate dans sa torpeur (d’autant plus que c’est l’heure de la sieste et que les rues deviennent désertes), pour nous lancer sur la fameuse route 40, en direction de Cachi! Nous n’avons pas l’intention de rejoindre Cachi le soir même (et en partant dans l’après midi c’est pratiquement injouable), mais nous voulons nous avancer dans la vallée Calchaquies. Alors autant prévenir tout de suite ceux qui prévoiraient de faire ce parcours : on lit parfois que la route est une piste de Cafayate à Angastaco et qu’après c’est bon. Eh bien pas du tout! La route est une piste aux textures variables jusqu’à Cachi! Mais alors quelle route!!! Quels paysages!

Les montagnes sont rouges d’un côté, les cactus font la loi de l’autre et par moment, soudain, on voit des champs verdoyants au milieu de cette aridité, sans comprendre comment tout cela est possible!

Et la question se pose aussi lorsque l’on croise des villages qui parfois ne sont constitués que d’une dizaine de maisons, au milieu de rien. Comment font les gens pour vivre ici et pourquoi sont ils là? Ça nous fascine.

À un moment, nous arrivons dans une ville far west qui nous offre LE cimetière de western. Ça va même jusqu’au portail métallique qui grince au milieu du silence désertique et du souffle du vent… Magique!

La journée prend définitivement le tournant vers l’exceptionnel lorsque nous atteignons le parc naturel de la région d’Angastaco, où des centaines de pics ponctuent le chemin poussiéreux, créant des petites gorges que l’on traverse en voiture et s’ouvrant par moment sur des paysages sensationnels. Là… Bah là… On est sans voix!

Nous atterrissons vers 18h à Angastaco, minuscule bourgade de 900 habitants lovée au milieu des pics. Nous trouvons une chambre à l’hosteria Angastaco. Ce n’est pas le luxe mais pour 180 pesos (prix le moins cher qu’on ait eu pour le moment), on a une chambre avec salle de bain privée et petit déj. Et même, truc hautement improbable, une vieille télé à écran cathodique reliée au câble par un fil qui se balade en l’air dans la chambre et qui permet d’avoir plein de chaînes orientées ciné. On ne passera pas une nuit excellente car la literie est mauvaise et on invite aussi les gens qui passeraient par là à se munir de leur sacs de couchage ou sacs à viande mais on ne regrette malgré tout absolument pas cette étape car nous avons passé une soirée merveilleuse!

Tout d’abord, nous sommes ressortis un petit peu du village pour gravir un petit pic et regarder le coucher de soleil. Même si ce n’était pas le plus beau qu’on ait vu, être là, tous les deux, au milieu de nulle part… C’était parfait!

Ensuite, nous avons repéré un petit « comedor », une sorte de restaurant local. Il faut vraiment comprendre que le village est minuscule et on se demandait même si ça allait être ouvert. On a découvert plus tard qu’il est indiqué dans le routard (mais nous on fait partie de la team lonely) mais bref, en gros c’est derrière l’église puis a droite et de toute façon un panneau l’indique.

En arrivant devant l’entrée, on ne sait pas à quoi s’attendre, puis on découvre que l’allée atterrit direct sous la tonnelle de la maison familiale, où sont installées quelques tables.

Le patron, un vieil argentin muni d’un chapeau de cow boy nous fait signe de nous assoir alors que plus loin un couple de belges et un groupe d’israéliens sont déjà dans l’ambiance.

Ici pas de chichis, c’est madame qui cuisine et on a le choix entre des humitas (une sorte de flan de mais), le locro et un ragoût de chevreau avec des frites. Tous ces plats sont des spécialités régionales.

Nous optons pour l’humita et le ragoût tout en sirotant notre Salta (bière locale) et en observant les lieux. Le patron passe entre les tables pour savoir si tout va bien. On est bien.

Puis arrivent nos plats : un délice ! On n’a rien mangé de mieux depuis qu’on est arrivés! La humita est bonne même si le côté flan n’est pas forcément à notre goût et le ragoût est exceptionnel! Et comme si tout ça ne suffisait pas, voilà que le patron prend place, sort sa guitare et se met à chanter. Le moment est magique.

On se mord un peu les doigts d’avoir oublié l’appareil photo à l’hôtel mais tant pis, les images resteront dans nos têtes.

Au bout d’un moment, le patron s’arrête, les belges s’en vont et il vient nous voir. Il a la feuille du Routard à la main et me demande si je peux lui traduire ce qui est écrit sur son restaurant. Nous découvrons alors qu’il fait la collection de billets de banque de tous les pays ainsi que des cartes postales, envoyées par différents clients de passage.

En discutant, nous apprenons qu’il a ouvert ce lieu depuis huit ans mais qu’il a toujours vécu à Angastaco. Le temps passe, les israéliens sont partis, nous finissons nous aussi par prendre du soucis. La « cuenta » est dérisoire : 102 pesos (environ 7 euros) et il nous embrasse pour nous dire aurevoir pendant que son fils, qui a assuré le service tout au long de la soirée nous remercie et nous fait de grands sourires. Alors oui, par la suite on a mal dormi, mais si c’était à refaire, on ne changerait rien!

Hier, nous avons repris la route pour rejoindre Cachi. 84km de piste pourrie et éreintante! Mais encore des paysages majestueux et en ligne de mire le Nevado de Cachi qui s’élève à 6300 mètres d’altitude ! (instant transe)

Nous marquons une pause à Molinos, minuscule village pour changer et allons à la réserve de vigognes. Ces petites bêtes sont à mi-chemin entre le lama et la biche et leur grande passion c’est de manger du foin. Ils ont de bonnes têtes!

Nous croisons aussi plein de jeunes en blouses blanches rentrant de l’école, c’ayez la grève est fini!

Nous poussons encore 18km plus loin vers Seclantás, 18km interminables où la route est atroce. En plus quelqu’un roule juste devant nous créant un énorme nuage de poussière.

Encore une fois nous ne regrettons pas l’étape. On arrive épuisés et la faim au ventre et franchissons la porte du premier lieu venu (en même temps c’est minuscule ici). Pour ceux qui feront la route, c’est tout de suite à gauche après le complexe sportif.


Nous atterrissons à nouveau dans une cours privative avec quelques tables et il n’y a que nous. Un homme vient nous voir. Nous lui demandons s’il est possible de manger et il nous répond que oui mais que ce ne sont que des spécialités régionales, tant mieux!

On a même le droit à un petit book photo pour nous aider dans notre choix. Mais en photo, tout à l’air d’une espèce de soupe ragoût.

Notre choix se porte sur une assiette de fromage de chèvre maison avec du pain de l’origan et de l’huile d’olive puis sur des frites (depuis hier les frites maison sont une tuerie!) et un charquisillo, une sorte de ragoût à la sauce tomate avec des pommes de terre, du fromage de chèvre et on ne sait pas quoi. La seule chose qu’on peut dire c’est que c’était excellent! En plus le patron est adorable et sincèrement heureux de nous voir apprécier la nourriture. Avant de partir il nous offre un verre de liqueur maison, un régal!

Nous voilà comblés par tant de belles expériences culinaires et humaines et nous repartons revigorés afin d’arpenter les 30 derniers kilomètres de piste qui offrent encore de belles surprises, des oiseaux magnifiques, des champs et du foin au milieu du désert, bref…


Nous trouvons une hosteria sympathique à Cachi et faisons une petite marche jusqu’à un point de vue vers le cimetière qui est plutôt pas moche! Puis nous nous rendons à la pizzeria Oliver, sur la place principale, dont nous avons lu du bien et qui arbore le symbole du wifi! Chic, se dit on! On va pouvoir mettre à jour le blog! Naïfs que nous étions! Le wifi est à l’image du service… Lent très lent… En fait Nicolas parviendra à mettre à jour ses actualités pendant que moi je ne réussirai même pas à récupérer mes mails… Et pendant ce temps, 1h15 d’attente pour un plat de pâte et une pizza! La situation est tellement comique que ça ouvre la discussion avec un couple de français attablé non loin.

Nous nous hâtons ensuite de nous coucher afin d’aller voir le lendemain le lever de soleil qui devrait illuminer les belles neiges éternelles du Nevado de Cachi.

Au réveil, pas un nuage dans le ciel, nous partons donc au point de vue repéré la veille et assistons à l’embrasement des sommets, seuls au monde ou presque.

Au bout d’un moment nous réalisons en effet qu’un touriste est là aussi mais il ne nous dit pas bonjour, il erre et il est vraiment louche. Voilà qu’on lui invente sa vie et qu’il se transforme en un psychopathe kidnappeur d’enfant que l’on pourrait voir dans un épisode d’esprit criminel. On repart gaiement en chantant le générique, eh oui, l’altitude nous détraque !

Après un petit déj et une douche nous voilà repartis sur une nouvelle piste direction le village de Palermo. Ce n’est pas que le village en lui-même soit intéressant mais la route permet de profiter d’un paysage superbe donnant sur le Nevado de Cachi puis sur le Nevado de Palermo et un mini détour permet de se retrouver sur une piste d’atterrissage improbable. On se demande même si un avion a déjà poser ses roues ici!

Puis nous refaisons un crochet à Cachi pour prendre de quoi pique-niquer et nous voilà en route vers Salta en traversant le Parque Nacional de Los Cardones, à comprendre, le parc national des cactus!

Le paysage est somptueux et nous prenons petit à petit de l’altitude sans vraiment nous en rendre compte! Nous arpentons la « recta tin tin » qui fait la fierté de la région  parce qu’il s’agit d’une longue ligne droite de 11km. Bon on leur dira pas qu’on en a fait de plus de 30 bornes en Australie, mais cela étant les montagnes, les cactus, le ciel! Bref c’est magique!

Nous nous arrêtons au mirador des condors pour manger et réalisons que nous sommes à 3100m, il fait un peu frisquet!

Puis la route change d’allure. Nous traversons une zone incroyable qui ressemble aux images que l’on peut connaître de la plaine africaine puis entrons dans des nuages de plus en plus épais. Nous atteignons le village le plus haut de la route (3450m) sans voir quoi que ce soit au paysage.


Puis c’est la (longue) redescente par la cuesta de Obispo et comme il y a des trous sur la route il faut faire attention à ne pas tomber pour elle, la la la, ta da da da… Ok je sors!

Bref, petit à petit nous devinons la sublime vallée aux accents neo-zélandais ou écossais, verdoyante et humide, splendide, même si je loupe un bout du trajet en m’effondrant de sommeil! Sans doute l’altitude!

Et alors que nous nous rapprochons de Salta (où nous n’avions pas prévu de revenir avant la fin du road trip mais que nous avons finalement trouvée pratique notamment pour récupérer un bon wifi ne serait ce qu’un soir), nous voilà pris d’un coup de blues. On est triste de quitter les montagnes et les petits villages.

Alors il nous vient une idée : tenter d’aller à Campo de Quijano à 30 km à l’ouest de Salta, village sur la route de San Antonio de los Cobres où nous pensions nous rendre. On se perd un peu et en y arrivant on se rend compte que c’est naze. Du coup qu’à cela ne tienne! Allons à San Salvador de Jujuy, à 130 bornes de là! Et voilà comment le drame se produit!

3 heures à tourner autour de Salta entre bouchons, fausses routes et autoroutes qui s’arrêtent subitement sans dire quelle route suivre ensuite, une autoroute où, soit dit en passant, les vaches traversent!

Bref, excédés et dépités on revient finalement à Salta. Nous avons trouvé une chambre abordable qui ira très bien pour cette nuit mais nous avons hâte de repartir dans les montagnes et de retrouver de nouveaux paysages merveilleux! Demain direction sans doute Jujuy ou Pumamarca. En tout cas, cap vers le nord!

À bientôt!

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4 Responses

  1. Très contente de vous retrouver et toujours
    admirative de vos découvertes et de votre
    enthousiasme. Merci encore de nous faire
    partager cette aventure. Bonne continuation.

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