Les Globe Croqueurs

La valeur d’un voyage attend-t-elle le nombre de kilomètres ?

 
 Vous connaissez tous cette fameuse citation du Cid de Corneille : « la valeur n’attend point le nombre des années. » Eh bien aujourd’hui, je me demande si la valeur d’un voyage attend, pour sa part le nombre des kilomètres ! Je vois d’ici votre réaction : « Bah non évidemment ! ». Oui, oui… le bon sens vous fera répondre non… et pourtant !

Il existe une réaction très commune lorsque nous annonçons une destination moins lointaine que l’Asie ou l’Amérique du Sud, celle du : « Ah ! C’est pas la même chose hein ! » ou encore « c’est moins…exotique ! » Et tout cela me laisse songeuse.

Pourquoi faudrait-il parcourir des milliers de kilomètres pour être dépaysé ? Ne délaisserions-nous pas ce qui est à côté de nous par attrait de l’aventure, alors que l’on pourrait parfaitement la vivre même à côté de chez soi !

L’habitude de destinations lointaines…

Les splendides dentelles de Montmirail

Je me souviens qu’à notre retour de voyage, une de nos premières réflexions avec été celle-ci : « au final, nous connaissons bien moins notre propre pays que certaines contrées d’Asie par exemple ». N’est-ce pas dommage ?

Lorsque l’on creuse la question avec notre entourage, nous réalisons qu’il n’a pas de véritables arguments pour transformer cette première réaction en démonstration. Et même, en y réfléchissant bien, parfois leurs voyages les plus « exotiques » ont eu lieu non loin de chez eux.

Il semble qu’à force de voyager loin ou d’habituer notre entourage à voyager loin, il se crée une forme de hiérarchisation et d’oubli de ce qui fait l’essence du voyage. Comme s’il y avait des grands et des petits voyages. Je le fais aussi parfois, enfin souvent ! Peut-être sûrement parce que je suis snob… pourtant si j’y pense sérieusement, c’est absurde ! Pourquoi voyageons-nous ? Pour nous ouvrir au monde…

L’exotisme, un concept très relatif !

Baléares ? Andalousie ? Non, Sanary/mer !

Et pour cela, nul n’est besoin d’aller bien loin ! Je me souviens d’un jour où l’on a parcouru 20 km en vélo dans le froid, sur les routes très vallonnées du Pilat, à une trentaine de kilomètres de chez nous. Ce fut une de mes plus grandes fiertés, le sentiment d’être allée au bout de moi-même, comme j’ai pu le ressentir plus tard lors de l’ascension du Kawah Ijen ou du Bromo.

Et puis l’exotisme c’est quand même hyper relatif ! La Bretagne et le Périgord (nos destinations de cet été), pour moi c’est très exotique, et pour cause ! Je n’y suis jamais allée ! Ajoutez à ça que je suis un pur produit de la méditerranée eh bien je vous jure qu’à mes yeux, la Bretagne c’est le Pérou !

Il y a même des quartiers de ma propre ville qui sont exotiques. Je ne les connais pas bien, je les découvre au hasard d’une promenade. Il y a quelques temps, nous avons pris un verre au Melhor, un bar lounge lyonnais qui offre une vue sur les berges du Rhône et les tours de la Part-Dieu. Nous avions totalement l’impression d’être des touristes dans notre ville.

Bref, tout cela nous interroge quelque part sur ce qui fait la valeur d’un voyage. Partir pour partir ? Aller loin pour dire qu’on a mis les pieds au bout du monde ?

Le voyage, c’est la liberté

Au final, je crois que ce qui rend un voyage le plus important à mes yeux, c’est la sensation de liberté que j’en retire et la curiosité qu’il aiguise en moi. Et cette sensation, je l’éprouve avec autant de force en taillant la route au coeur des paysages français, qu’en scooter en Thaïlande ou lors d’un road trip en Argentine… Je ne connais qu’une infime partie de mon pays, tant au niveau des paysages que dans les scènes de vie qu’il peut m’offrir. Et à celui qui m’objectera que ce n’est pas pareil, qu’au bout du monde on est un étranger alors qu’en France, on est toujours « chez nous » je lui répondrai qu’il y a des dizaines d’endroits où l’on peut se sentir décalé en France ! Par exemple, je me sens toujours étrangère quand je vais en Provence. Il me suffit de parler et on voit tout de suite que je ne suis pas du coin… un peu comme dans un autre pays quoi !

Les marchés provençaux
Un saut à 30 km de Lyon

Tout ça pour dire que non, les kilomètres ne font pas la valeur d’un voyage. Revenons un peu à l’essentiel : partir, être déboussolé et ouverts à l’inconnu. La destination n’est pas la finalité (elle a son importance bien entendu, on la choisit souvent, pas toujours) mais il y a de l’aventure de partout, au coin de la rue comme à l’autre bout de la planète.

Et il est tout aussi essentiel de connaître le pays où l’on vit que de découvrir le monde qui nous entoure…

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4 Responses

  1. Sur le principe, je suis 100% d'accord, on ne part par pour un "meilleur" voyage sous couvert qu'on aurait loin, ça ne rime en rien. Je ne sais pas si tu connais, mais le projet de "diagonale du vide" de Mathieu Mouillet est d'ailleurs excellent je trouve.
    Maintenant, dans les faits, tout dépend également de ce qu'on recherche en voyage. Voir de belles choses, c'est clair qu'il y en a beaucoup pas très loin de chez nous. Je connais mal la France, donc j'ai de quoi faire et pour longtemps. Mais je ne pars pas que pour voir de belles choses, j'aime également me sentir déstabilisé en ayant à faire face à un mode de vie et une culture différente de la mienne, me prendre une claque quoi, et ça, ça n'est pas que c'est impossible, mais ça n'est tout de même pas évident en France. Évidemment, il existe des personnes incroyables et les rencontrer est une expérience, mais ça n'est tout de même pas évident de les trouver. Bref, c'est, quelque part, je joue un peu la facilité en partant dans des pays culturellement différents.
    Et par ce même raisonnement, je ne suis pas plus que ça attiré par exemple par la Nouvelle-Zélande (alors là, certains vont m'égorger, je pense 😉 ). Je ne doute pas une seconde que ça soit magnifique, mais ça ne comble qu'une de mes attentes et c'est vraiment trop loin.

  2. Je comprends tout à fait ton point de vue. Et je suis d'accord qu'on ne peut pas toujours tout avoir au sein d'un même voyage. Par contre on peut rechercher plusieurs choses et se satisfaire d'avoir parfois l'une, parfois l'autre et quand on a beaucoup de chance, tout à la fois ! Moi aussi je cherche souvent le dépaysement quand je pars. Être bousculée, dérangée, émerveillée. Et bien sûr c'est beaucoup plus immédiat quand tu pars en Asie par exemple que dans la Loire. Mais pour autant, je suis toujours fascinée par la différence de mode de vie et même de coutumes qu'il peut exister entre les différentes régions de France ou entre les espagnols/les anglais/ les italiens (etc.) et les français. Et ça suscite souvent chez moi des réflexions et des sensations assez proches de celles que j'ai dans un pays radicalement différent du mien. Mais bon, encore une fois tout cela dépend des moments, des occasions et des envies. Tant que ça ne sombre pas dans le sectarisme, à mes yeux tout peut être un voyage 🙂

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