Les Globe Croqueurs

1 an en Italie : à coeur ouvert… Part #1

Une fois n’est pas coutume, c’est un article en deux chapitres que je vous propose aujourd’hui. J’avais tant à dire sur cette année. Au départ je m’étais dit qu’un article tout en GIF, enlevé et rigolo serait chouette. Mais en fait je ne peux pas ! On ne peut pas résumer une telle année en 3 images animées ! Alors j’ai commencé à écrire et ça ne s’arrêtait plus… Quand Nico a vu la taille de l’article, il m’a dit, découragé d’avance : « mais tu veux pas le publier en plusieurs parties sinon ? ». Il a essuyé un refus catégorique, parce que je suis un peu bornée comme nana. Et puis après réflexion, je me suis dit qu’il avait raison. Voici donc le chapitre 1 des un an en Italie. Deuxième partie à paraître début de semaine prochaine ! 


Un an. C’ayez. Un an. Je n’arrive pas à croire qu’une année se soit écoulée depuis notre arrivée en Ritalie. Une année à la fois interminable et en même temps passée relativement vite selon les éléments auxquels je me réfère. Quelle année ! J’ai du mal à réaliser qu’il y a un an j’étais encore en France, ou fraîchement dépêchée au pays des pizzas. La perte totale de repères, les doutes, la peine, la colère, la fatigue immense de mois de solitude et le reste…  Alors installez-vous bien confortablement, mettez un casque sur vos oreilles, pipelette girl à deux trois considérations (#euphémisme) à partager avec vous, de la musique à glisser dans vos oreilles et des petites infos à vous donner sur la suite des aventures ritaliennes.

Melting Pot

Vous vous souvenez sans aucun doute que j’ai débarqué ici sans aucune notion d’italien et que ça m’a valu plusieurs moments de solitude, à la caisse ou avec le médecin. Mais le temps faisant, de façon un peu magique, j’ai commencé à parler cette langue étrangère nouvelle. Sans prendre de cours, juste en papotant avec tous ceux qui m’ont adressé la parole, en me rendant un million de fois à la sécu et en matant plein de super dessins animés psychédéliques avec Elliot (sérieusement vous avez déjà essayé de regarder Car City ? Les gens qui font ce truc se droguent, sans aucun doute possible !).

Quand j’y repense, je me dis quelle folie ! Dire qu’à peine une semaine après notre emménagement, je suis allée chez Papillon, la boutique au pied de notre immeuble, pour essayer des vêtements vus en vitrine. J’avais regardé tout ce que je voulais dire sur Reverso avant d’y aller. Je ne pouvais rien dire de plus. En y repensant l’autre jour, Nico m’a dit : « t’as été super courageuse ! Moi pendant au moins trois mois je n’allais qu’au supermarché à la caisse automatique pour n’avoir à parler à personne ». Il faut dire que même si j’avais voulu rester muette (et nous savons tous que ça n’est pas possible), je n’aurais pas vraiment pu. Grâce à mes deux petites glues que j’ai promenées de partout avec moi pendant des mois. Les italiens et les enfants vous le savez désormais, c’est une grande histoire d’amour. Et tout le monde vient vous parler. Alors vous faites quoi ? Vous n’allez pas les envoyer paître. Ça a aidé quand même !

Et le temps passant je me suis retrouvée à parler de plus en plus et de mieux en mieux. Même si je fais encore plein de fautes, que je n’ai jamais pris la peine d’apprendre les conjugaisons alors forcément des fois je dis n’importe quoi. Mais bon, j’ai des vraies conversations depuis un petit moment maintenant. C’est magique quand même. Fascinant même. Pire mon cerveau se promène entre les langues c’est assez démentiel. Je vous donne un extrait véridique de ce qu’il se passe dans ma tête :

« Bon allez bientôt il va falloir iniziare les cartons. Magari iniziero con la camera dei bambini. Sarà più facile di sapere che cosa mettere dentro gli scatolini. Faut que je retourne sur le site d’Ikea anche. » Bref c’est comme ça tout le temps ! Des fois je pense à un mail que je veux écrire, en italien. Et puis je réalise qu’il est destiné à une personne française. Et si je suis entrain de regarder une série en anglais et bah… je pense en trois langues. Finalement la seule chose que j’ai un peu perdu en route, c’est mon espagnol ! Mais pas tout à fait non plus. Il y a quelques temps j’ai croisé une famille espagnole et ça me paraissait totalement normal. J’ai mis un moment à réaliser qu’ils ne parlaient ni français ni italien et ni anglais. Bref, sacrément stimulant quand même.

Boucler la boucle

C’est toujours un peu subtile l’art de s’attacher à un lieu ou à des gens. Honnêtement je n’ai que peu d’affection pour Lodi et je me réjouis d’en partir. Mais même quand on croit qu’on peut effacer quelque chose d’un revers de la main, c’est faux. Parce que j’ai vécu un an ici et qu’un an ce n’est pas rien.

J’ai vu l’été brûlant, emménagé sous 42 degrés à l’ombre et observé les rues désertes du mois d’août. Je suis partie en vacances et rentrée dans ce nouvel appartement qui devait devenir ma maison, même si je ne le voulais absolument pas.

J’ai vu l’automne arriver, les feuilles rougir, la pluie tomber dehors et DEDANS l’appartement. Cet appart je vous jure… Elliot est allé à l’école et ses maîtresses ont représenté le gros de ma vie sociale cette année. Du moins jusqu’à ce que Chiara aille à la crèche. Noël et les décorations. J’ai vu la neige tomber et la chaudière décider de mourir au même moment.

Chiara qui a appris à marcher dans cet appartement que je n’aimais toujours pas même après des mois. Et que je n’aime toujours pas en fait. Et le printemps… le printemps m’a (re)donné beaucoup. Il a représenté un véritable renouveau avec le démarrage de mon activité de rédactrice web et son envol. Tiziana, la gérante de la crèche de Chiara qui est devenue un vrai phare et grâce à qui j’ai pu beaucoup m’améliorer en italien. Pourquoi ? Parce qu’elle parle autant que moi haha ! Du coup les 5 minutes de récupération de Chiara se sont transformées en quart d’heure voire plus et la présence d’autres mamans m’a permis d’échanger enfin. C’est probablement elle qui me manquera le plus et cette crèche où je vois ma poupette si heureuse. Le retour des beaux jours, les allers-retours en France auprès de ceux que j’aime , ma fête d’anniversaire et de nouveau la canicule et la ville qui se vide progressivement. J’ai fait un tour c’ayez.

Désormais, le tri des déchets n’a plus de secrets pour moi, le bruit de la rue et des cloches m’est indifférent. Euh stop. Ah non pas du tout en fait. C’est pour ça qu’on a choisi un quartier plus calme à Parme. Il pleut toujours dans l’appartement. Oui oui, mais de l’autre côté maintenant. Une semaine sans un soucis dans cet appart ? Non ça n’est pas possible. Hier midi j’ai même mangé des fourmis (véridique). Je n’avais pas vu qu’il y en avait sur mon pain (de mie). Prête pour Koh Lanta ? Le retour des héros alors, j’ai déjà fait ma vie sur le camp !

Mon année en musique

Si vous me connaissez dans la vraie vie ou si vous suivez ce blog depuis un moment, vous savez que la musique occupe une place essentielle dans ma vie. Que je la compose ou que je l’écoute, elle est un véritable exutoire et un allié pour laisser libre cours à mon imagination. Alors, pour résumer le temps écoulé ici, j’ai essayé de choisir deux  à trois chansons maximum par saison qui ont vraiment été importantes. Qui ont accompagné mon humeur et mon inspiration parfois. Un conseil ne regardez pas les clips. En tout cas personnellement je n’aime pas du tout. Ça casse le trip !

Été

Ray Liotta, LOMEPAL

Je vous avais déjà partagé cette chanson dans mon article sur la conduite en Italie. Je me rappelle encore la journée où je me suis mise à l’écouter en boucle. Début septembre, lors d’un retour express en France pour un rendez-vous médical de Chiara. Je suis tombée amoureuse de cette chanson. Et un an plus tard il ne se passe presque pas une journée sans que je ne l’écoute au moins une fois. Les paroles, la mélodie du refrain et probablement l’état d’esprit dans lequel elle me replonge. Bref, j’adore cette chanson.

Deadcrush, Alt-J


Alt-J c’est un peu un de mes groupes favoris au monde. À chaque fois que j’entends une de leur chanson, même si je ne sais pas encore que c’est eux, j’ai la chair de poule. Deadcrush c’est la sensualité à l’état brut. Je n’aime pas du tout le clip parce que je me suis fait ma propre histoire dessus. Mais c’est clairement une chanson sur l’attraction et le désir. Et si vous voulez écouter la plus belle chanson de tous les temps (ok ma préférée parmi tout quoi), cliquez là pour découvrir Every Other Freckle !

Automne

Deadly Valentine, Charlotte Gainsbourg

Ce morceau c’est un peu terrible quand je l’entends. Ça a été la chanson « en boucle » de ma journée pré-retour en France en Octobre. Un retour que je désirais plus que tout. On a organisé un gros apéro avec les copains, vu tout le monde. Mais, pendant ce week-end là, ma grand-mère a fait son AVC. Et je suis restée plus longtemps que prévu en France pour être à ses côtés. Ça a été un moment très dur, très intense et déroutant. À chaque fois que les notes de cette chanson retentissent, je me replonge immédiatement en octobre.

Last Goodbye, Jeff Buckley

Amis de la tristesse bonjour ! Satané automne et pire que tout, satané mois de novembre. Humeur plus que maussade, niveau de peine ++++. Quoi de mieux qu’un bon Jeff Buckley pour enfoncer le couteau ? Non mais : « Kiss me, kiss me out of desire… » Moi je résiste pas à des paroles comme ça, interprétées de cette façon ! Bref elle est magnifique cette chanson ! Allez, à vos mouchoirs !

La pluie, Orelsan

Orelsan a très largement accompagné cette année. Cet album est absolument exceptionnel et si vous ne l’avez toujours pas écouté, bah… va falloir s’y mettre je vous le dis. Bref, impossible de choisir vraiment parmi tous les morceaux de cet opus que j’aime d’un bout à l’autre. Mais « La pluie » a quelque chose qui me donne des frissons. Les sons, la mélodie, la touche de Stromae. Bref, bref, bref, vous avez compris quoi ! Et en plus on va le voir en concert demain soir ! Youhou !

Hiver

Move, Saint Motel


Avec l’arrivée des fêtes et la majeure partie du mois de décembre passé en France, mon moral était un peu meilleur. Pour accompagner cet état d’esprit ma playlist est devenue un peu plus positive (même si j’écoutais toujours Last Goodbye en boucle !). Et quoi de mieux qu’un bon Saint Motel qui parle de lui même : « Gotta get up I gotta get up ! Move ! »

Vampire, Mai-Lan

Sans aucun doute la chanson de la reconquête. « I’m here to build up an empire cause I’m a vampire better hide in a bunker ». La bonne humeur de cette chanson, son message et ses qualités musicales font qu’elle reste des mois après une chanson que j’écoute très très souvent !

Et j’écoutais aussi Maitre Gim’s (toujours !), Ed Sheeran (et oui), Portugal (Feel it Still j’adoore) et tout plein d’autres choses cool.

Printemps

Green Light, Lorde

Cette chanson et encore plus son final me filent la chair de poule ! J’ai commencé à l’écouter un peu après avoir obtenu mes premiers contrats et je crois que ça m’a complètement portée. Je l’ai associée à ma propre histoire. Elle est construite comme un film avec un final en apothéose. Deux personnages fous d’amour qui courent à travers la ville pour se jeter dans les bras l’un de l’autre. Vous voyez l’idée ? Je vous ai déjà dit que j’aimais bien me faire plein de films ? Bref, kiffe kiffe kiffe.

Damn, Christine and the queens

« Que faire, de l’énergie que je perds, quand je te veux… ». J’adore. Puissance dramatique 10 000%, plus mélodie géniale, plus univers de Christine and the queens que je surkiffe. Bref, mix parfait pour en faire ma chanson du printemps ! (Même si j’en avais quelques autres, ça a été difficile de faire un choix !)

Je vous réserve mon top 3 du début d’été pour la deuxième partie ! Oui on ne peut plus m’arrêter !

Se souvenir des belles choses

De Lodi il ne me manquera pas grand chose. Mais je garderai dans ma mémoire le café Bizzo en face de chez moi et son gérant tous les jours derrière son bar avec son petit noeud papillon. Il me lance de grands « ciao » à chaque fois que je sors de l’immeuble.  Le porte parapluie installé devant le café dès la première goutte de pluie, les baies ouvertes aux premiers rayons de soleil, la pasticceria où j’ai pris mon cappucio de la liberté et notre petit couple de vieux dans l’immeuble en face du nôtre. Lui qui, tous les soirs sans exception, cuisine le dîner. Elle qui un soir sur deux repasse leur linge avec la télé à fond. Le jour où une ambulance est venu chercher notre petit vieux et qu’on ne l’a plus vu pendant 15 jours, pensant au pire. Puis son retour qui nous a réjouit alors qu’on ne les connait pas. Et puis Papillon, la boutique en bas de chez nous et son vendeur qui a toujours été super sympa avec nous. Et encore un fois, Tiziana… Bref. Finalement j’ai quelques attaches malgré tout.

Peut-être même (et je le sais déjà) que j’aurai un pincement en fermant la porte de cet appart. Car j’ai des sentiments si ambivalents quand je pense à cette année. Cet endroit a été le lieu du pire et du meilleur.

Désamour, force et peine

Je pense vraiment avoir vécu la pire année depuis euh… toujours. Je me suis sentie arrachée comme jamais avant, avec l’impression profonde de subir. Il y a eu tant de choses survenues au même moment. Alors forcément quand on part sur ces bases, on éprouve des sentiments très noirs parfois. J’ai été plongée dans une colère intense, contre Nico, que je tenais pour responsable, et contre moi avant tout. À me demander comment je m’étais mise dans cette situation, comment je pouvais me retrouver si seule et si dépendante d’une seule personne. Oui je l’ai vraiment très mal vécu.

Mais cette rage a aussi été un moteur extraordinaire. Ça et l’amour. J’ai recommencé à composer après des années de stand by. Ça a été le premier pas vers ce nouveau moi qui a éclos progressivement. J’ai pris du plaisir à faire quelque chose qui n’appartenait qu’à moi. Puis à le partager avec Nico. Et puis écrire le blog et échanger autour de ce que j’écrivais, avec vous tous. Ça a été une vraie soupape salvatrice au sein d’un univers qui me paraissait totalement hostile.

T’auras toujours une espèce de rage, envie d’prendre le large
D’éclater les types qui jouent d’la guitare sur la plage
Comme à chaque fois qu’tu déménages, c’est un monde qui s’écroule
Écoute, l’histoire s’écrit en tournant les pages
Écoute…

Orelsan, Notes pour trop tard

Quand j’ai reçu ma première commande en tant que rédactrice web j’étais loin d’imaginer que mon activité allait décoller autant et si vite. Cette période s’est accompagnée de belles choses. Une véritable renaissance et un équilibre qui peu à peu s’est affiné pour aujourd’hui aller vers le mieux. Nous prévoyons de laisser Chiara tous les jours à la crèche à la rentrée et ça sera vraiment une petite révolution pour moi.

Et plus que jamais je ressens ce phénomène de double identité que j’évoquais dès les premières semaines de mon expatriation. Je suis double et enrichie par ce que je découvre ici et ma culture natale. C’est assez grisant.

Lire la suite

Bon week-end à tous ! Pour nous retour express en France aujourd’hui pour déposer les enfants avant 15 jours à deux entre boulot, cartons et aperitivo ! À très vite !

♥ Cet article vous plaît ? Partagez-le sur Pinterest ! ♥

Plus d'articles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *